Après une semaine chargée pour le chef de l’État, marquée par la visite du roi Charles III puis du pape François à Marseille, toujours sur fond de coupe du monde de rugby en France, Emmanuel Macron s’est exprimé dimanche soir aux journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2.
Lors de cet entretien avec Anne-Claire Coudray et Laurent Delahousse, en direct depuis l’Élysée, Emmanuel Macron a commencé par féliciter les Français : «peu de pays peuvent relever des défis concomitants de cette mesure», s’est réjoui le chef de l’État, qui a tenu à remercier «les bénévoles, les élus, les policiers et gendarmes» qui se sont mobilisés pour l’organisation de ces événements. Il y a vu un signe encourageant, en prévision des jeux olympiques qui se tiendront en France l’été prochain.
Après l’appel du pape François samedi à Marseille pour davantage de solidarité avec les migrants, Emmanuel Macron a donné «raison» au souverain pontife. «À chaque fois que l’on parle de ce sujet d’immigration, on parle de femmes et d’hommes», a-t-il déclaré, avançant néanmoins que l’Europe est «le continent qui fait le plus». «Nous Français, nous faisons notre part. Il y a en moyenne 100.000 demandeurs d’asile dans notre pays chaque année», a-t-il assuré. Et de reprendre les mots de Michel Rocard : «On ne peut pas accueillir toute la misère du monde».
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À propos de la crise migratoire en cours en Italie, avec l’afflux de migrants à Lampedusa, Emmanuel Macron estime que «le ministre de l’Intérieur a eu raison» de différencier les migrants des demandeurs d’asile à Lampedusa. Le chef de l’État veut travailler avec Giorgia Meloni, qui a su selon lui éviter «une réponse simpliste et nationaliste» prônée pourtant par l’entourage de la présidente du conseil italien. «On ne peut pas laisser l’Italie seule», a toutefois ajouté Emmanuel Macron, félicitant la «responsabilité» de l’Italie.
«Nous devons, en Européens, mieux conditionner notre aide à une politique responsable en matière migratoire», a martelé Emmanuel Macron, distinguant entre les pays de départ et les pays de transit. Le président de la République veut proposer aux États de transit, sur la rive sud de la Méditerranée, comme la Tunisie ou la Libye, «des partenariats pour éviter les départs», comme ce que font Londres et Paris autour de la Manche.
À l’approche du projet de loi sur l’immigration, qui sera étudié à l’automne au Parlement, Emmanuel Macron veut «aller beaucoup plus vite» sur les procédures de demandes d’asile. «Le cœur de ce texte, c’est surtout d’accélérer (…) et renvoyer plus efficacement les femmes et les hommes qui n’ont pas vocation à rester», a-t-il détaillé.
Enfin, sur la régularisation des travailleurs sans-papiers dans les métiers en tension, sujet sur lequel le gouvernement fait face au veto de la droite, le chef de l’État a souhaité qu’un «compromis» soit trouvé sur le sujet. «Les métiers en tension, il faut d’abord essayer de faire que ce soit nos compatriotes qui y aillent», a-t-il tempéré. Et d’ajouter : «Il n’y aura pas de droit inconditionnel à la régularisation»
Alors que le prix de l’essence avoisine les deux euros, le président de la République a été longuement interrogé sur l’inflation et le pouvoir d’achat des Français. «Le pouvoir d’achat, c’est la rencontre d’un salaire et des prix de la vie», a d’abord dit Emmanuel Macron, rappelant ses efforts en matière de création de l’emploi. «Le SMIC a augmenté de 11 %» depuis le début de la crise, s’est également félicité Emmanuel Macron, rappelant son objectif d’une politique de plein-emploi.
Le chef de l’État a évoqué la conférence sociale à venir, affirmant vouloir «travailler avec toutes les branches qui ont un salaire minimum en-dessous du SMIC légal». «Je ne suis pas pour qu’on indexe tous les salaires sur les prix parce qu’à ce moment-là, on crée complètement une boucle inflationniste», a en revanche ajouté Emmanuel Macron.
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Le président de la République a mentionné l’arrivée, mercredi en conseil des ministres, d’un texte permettant de rouvrir les négociations commerciales, afin de «mettre les 60 plus gros industriels de l’agroalimentaire» et «mettre en place un accord sur les négociations des marges» dans tous les secteurs. Le chef de l’État refuse tout «blocage des prix», comme le réclament plusieurs partis d’opposition, mais veut «un accord sur la modération des marges»
Emmanuel Macron, qui dit n’avoir pas de «solution miracle» pour contrer la hausse des prix du carburant, a poursuivi : «on paie notre dépendance. Depuis le début de l’année 2023, le prix du baril a augmenté d’un tiers environ et ça va durer». «La raison de l’augmentation, ce n’est pas les taxes mais la géopolitique», s’est-il défendu, renvoyant la balle aux pays producteurs de pétrole comme l’Arabie Saoudite. La première ministre rassemblera «cette semaine » tous les acteurs de l’énergie pour demander une vente du carburant «à prix coûtant», a fait savoir Emmanuel Macron, qui veut une nouvelle aide pour les Français les plus modestes qui ont besoin de leur voiture, jusqu’à «100 € par véhicule et par an».
Emmanuel Macron s’est de nouveau félicité des baisses d’impôts engagées depuis «ces six dernières années», rappelant la suppression de la taxe d’habitation. Le chef de l’État a en revanche fustigé «la responsabilité des élus», en évoquant la hausse de 60 % de la taxe foncière à Paris, alors que des communes «comme Tourcoing» ne l’ont pas augmentée.
À la veille de la présentation du plan de la planification écologique, lundi à l’Élysée, Emmanuel Macron a déclaré qu’au sujet de la transition écologique, «on a fait la moitié du chemin». Le chef de l’État veut «une écologie à la française, qui n’est ni le déni, ni la cure» mais «une écologie de progrès». «On va investir l’année prochaine 40 milliards d’euros sur cette transition écologique», a réaffirmé Emmanuel Macron, qui a annoncé deux priorités en matière de politique environnementale.
«La France sera parmi les premiers en Europe à sortir du charbon», a-t-il assuré, alors que le pays doit réduire de 50% ses émissions carbones d’ici 2030. D’ici 2027, les deux dernières centrales à charbon dans l’Hexagone seront notamment « converties à la biomasse », a-t-il fait savoir. L’exécutif n’interdira pas les chaudières au gaz, mais misera plutôt sur le développement «des pompes à chaleur ».
Emmanuel Macron a aussi plaidé pour l’électrification. «On doit le faire en étant intelligent, en produisant chez nous les véhicules et les batteries. On est attachés à la bagnole, et moi je l’adore. Aujourd’hui, on produit entre 1 et 1,5 million de véhicules sur notre sol. Ces dernières années, on a relocalisé grâce à l’écologie. Des dizaines de milliers d’emplois industriels seront créées les prochaines années.» Le locataire de l’Élysée a également évoqué une aide pour l’acquisition d’un véhicule électrique «d’ici à la fin de l’année».
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«Nous sommes au Niger parce qu’à la demande des pays et de la région, nous avons été lutter contre le terrorisme» a d’abord dit le chef de l’État avant d’évoquer la situation au Niger ; avant de saluer l’engagement des soldats français de l’opération Barkhane. «Il n’y a plus de Françafrique, nous n’intervenons pas quand il y a un coup d’État en Afrique» a ajouté Emmanuel Macron, qui a annoncé la décision de rappeler l’ambassadeur de France au Niger. Le régime issu du coup d’État avait demandé son départ, ce qu’Emmanuel Macron avait d’abord refusé.
Le président de la République a annoncé également le retrait des soldats français présents au Niger, ce qui signifie «la fin de la présence française militaire au Niger». Le retrait des militaires français «sera organisé dans les semaines à venir», a-t-il fait savoir. «Nous ne sommes pas là […] pour être les otages des putschistes», a-t-il déclaré.
Le chef de l’État a réitéré son soutien «inconditionnel» aux Arméniens dans la région du Haut-Karabakh, où les droits des «chrétiens et des minorités ont été bafoués». Tout en poursuivant son « aide humanitaire » et «politique», la France veillera notamment sur «l’intégrité territoriale» de l’Arménie, alors que la Russie se fait «complice» de l’Azerbaïdjan.