Cet article est issu du Figaro Magazine
Pour son bref et premier Conseil des ministres du nouveau gouvernement, le 12 janvier, le président de la République a fait venir une caméra de télévision et des photographes. C’est qu’il voulait montrer quelque chose. Au grand public d’abord: lui montrer qu’une équipe de 14 ministres et ministres délégués suffit pour gouverner le pays, même s’il devait compléter plus tard sa composition par des secrétaires d’État. Mais il s’adressait aussi aux initiés, à ceux qui guettent chacun de ses gestes: l’ordre protocolaire du gouvernement a évidemment une signification très politique.
Emmanuel Macron place à sa droite le numéro 2 du gouvernement: Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique, et non plus le garde des Sceaux comme cela se faisait autrefois (Dupond-Moretti, reconduit, n’est que 9e) ; il prend à sa gauche Catherine Vautrin, ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités, nouvelle venue à qui il avait pensé en 2022 pour être première ministre (avant de lui préférer Élisabeth Borne). Face à lui le plus jeune de tous, Gabriel Attal, premier ministre, qui prend à sa droite le numéro 3, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur et des Outre-Mer.
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Puis, à la droite de celui-ci, voici, bien en vue, la sensation de la semaine, Rachida Dati, ministre de la Culture, nouvelle recrue d’Emmanuel Macron, l’ex-patronne des LR de Paris et qui n’a rien rabattu de ses ambitions pour la capitale… À sa gauche, le premier ministre a choisi Amélie Oudea-Castera, la ministre de la Jeunesse et des Sports (et des JO) devenue ministre de l’Éducation nationale, fonctions dont Gabriel Attal vient de montrer l’importance stratégique (et que les syndicats vont naturellement s’employer à déranger)…
On peut compter sur Macron pour laisser des sous-entendus dans ce qu’il fait. Le salon vert, au premier étage du palais, où il a réuni ce Conseil des ministres, est situé à côté du salon doré, son bureau présidentiel, et il a été entièrement rénové durant le mois d’août 2022. Or, le premier président à avoir tenu ses conseils des ministres à cet étage, c’est le général de Gaulle.
À l’époque ceux-ci ne comptaient guère plus de 25 ministres ; quand Pompidou succédera au Général, il descendra le Conseil au rez-de-chaussée, pour y placer 10 à 15 ministres et secrétaires d’État supplémentaires. Ses successeurs ont continué. À l’exception de Balladur, Jospin, Fillon ou Édouard Philippe qui ont tenu à des gouvernements resserrés. A priori, le nombre réduit de ministres fait de chacun d’eux de véritables professionnels. On saura bientôt si Gabriel Attal confirme cet avis auprès d’Emmanuel Macron, qui a l’expérience des deux compositions.