Critiques acerbes et encouragements élogieux se succèdent tour à tour dans le nouveau livre de Nicolas Sarkozy, Le Temps des combats, à paraître ce 22 août. L’ancien président de la République profite d’une rétrospective de son passage à l’Élysée entre 2009 et 2011 pour faire le tour des personnalités politiques, de Marine Le Pen à Gérald Darmanin en passant par Valérie Pécresse, qui reçoivent tantôt ses attaques cinglantes, tantôt ses compliments aux allures d’adoubement.

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Le président des Républicains (LR), Éric Ciotti, se voit gratifier du titre de «bonne surprise de ces dernières années». Le député des Alpes-Maritimes, qui tente d’orchestrer le redressement aussi bien idéologique que financier de son parti, n’aurait «pas manqué de courage et d’énergie ces derniers temps», selon l’ancien locataire de l’Élysée.

Nicolas Sarkozy ne tarit pas moins d’éloges pour «(s)on ancien ministre» Laurent Wauquiez qu’il a «toujours considéré comme le plus brillant de sa génération». Mais aux compliments s’adjoignent les mises en garde. Il pousse ainsi le candidat potentiel de la droite pour la présidentielle de 2027 à «se mettre en danger en sortant de sa zone de confort», avec l’espoir que les deux barons parviennent à «imposer leurs idées et leur leadership», convaincu que «cette famille n’est pas condamnée à la disparition».

Le jugement est plus sévère, quoique compatissant, pour la candidate LR de 2022. «Ne pas faire le choix de notre candidate fut un déchirement personnel», affirme celui qui a apporté son soutien à Emmanuel Macron à la dernière présidentielle. Il justifie son choix : «Quelle que fût sa bonne volonté, elle n’était pas prête. Elle n’avait ni l’équipe ni la maturité pour affronter une telle épreuve.» Nicolas Sarkozy en veut pour preuve le résultat historiquement bas de Valérie Pécresse au premier tour (4,8%), un «désastre» qui l’a empli d’une «grande tristesse».

Ce sentiment doux-amer à l’endroit de sa famille politique se transforme en critique assumée lorsqu’il s’agit du président du MoDem, François Bayrou. Sans retenir ses coups, Nicolas Sarkozy estime que «procrastiner est pour lui une alternative», concluant qu’ils n’étaient «sans doute pas faits pour (s’)entendre». Arrivé en troisième position à l’élection présidentielle en 2007, le Haut-Commissaire au Plan est âprement dépeint. «Peut-être qu’une fulgurance finira par ouvrir les yeux de cette personnalité pusillanime et qu’il se mettra enfin à agir plutôt que de commenter», espère ironiquement l’ancien chef de l’État.

Son successeur à l’Élysée, François Hollande, n’a pas davantage échappé aux critiques de l’ancien maire de Neuilly, qui l’accuse d’avoir gravement mis à mal la filière nucléaire française, en «dilapid(ant) son héritage, détrui(sant) une filière d’excellence, ruin(ant) son indépendance énergétique». Nicolas Sarkozy ne le disculpe pas davantage pour son rôle dans «l’état d’impréparation grave» de la France au moment de la crise du Covid. L’ancien patron de l’UMP s’autorise même une pique railleuse : «Décidément, le leader socialiste a toujours passé plus de temps à la recherche du bon mot plutôt que du bon programme !»

Toujours à gauche, Ségolène Royal, son ancienne adversaire, se voit quant à elle décerner «la palme de la démagogie». Le candidat victorieux de 2007 réitère par ailleurs une réplique assénée durant la campagne face aux accusations d’espionnage de la candidate par ses équipes : «Pour chercher quoi ? Son programme ? Ce n’est pas une enquête, qu’il faut, c’est une exploration !». S’il admet que le mot n’était pas «tendre», il assure que «l’avenir (lui) a donné raison». Nicolas Sarkozy se laisse à nouveau aller au sarcasme, assurant que «l’inégalable Ségolène Royal brisait toutes les frontières du ridicule» lors d’une de ses déclarations.

Le ton s’adoucit pour Marine Le Pen. «Je n’ai jamais aimé sa diabolisation», annonce Nicolas Sarkozy, réfutant les accusations d’antirépublicanisme à son encontre. Il affirme par ailleurs que la députée du Pas-de-Calais a «beaucoup progressé» : «Elle connaît mieux ses dossiers et sait les exposer avec davantage de calme, de force et de modération.» Mais il étrille ensuite l’ancienne présidente du RN pour «son manque d’expérience, de culture, sa méconnaissance des rouages de l’État, l’excès de certaines de ses convictions, la personnalité de nombre de ses élus» qui ont rendu pour lui «ce choix impossible, et même indigne».

Gérald Darmanin est parvenu à s’attirer les faveurs de l’ancien ministre de l’Intérieur, qui appuie maintenant sa candidature pour 2027. «Jusqu’à présent, les faits lui ont largement donné raison. Saura-t-il franchir une autre étape, voire l’étape ultime, celle qui mène à la présidence de la République ? Je le lui souhaite, car il a des qualités évidentes», ose s’avancer l’ex-locataire de l’Élysée. «Nous sommes amis, et son succès me ferait plaisir… Il est, en tout cas, l’un des quadragénaires les plus prometteurs», conclut-il.

Le prédécesseur d’Emmanuel Macron ne lui accorde que peu de place dans Le Temps des combats. L’actuel président de la République n’y obtient pas une désapprobation nette de la part de Nicolas Sarkozy, qui admet la difficulté des crises consécutives auxquelles Emmanuel Macron a dû faire face. Toutefois, Nicolas Sarkozy réprouve le surnom de «maître du temps», souvent accolé au président. «Emmanuel Macron imagine qu’il peut être le maître du temps. (…) Je crois pour ma part que le temps ne nous appartient pas et que la vitesse d’exécution est la meilleure, pour ne pas dire la seule marge de manœuvre d’un président de la République. En cela, je diffère de l’actuel président», soutient-il.