Le député du Val-d’Oise, Carlos Bilongo, est dans la tourmente. L’Insoumis de 32 ans fait l’objet d’une enquête pour soupçons de blanchiment de fraude fiscale et abus de biens sociaux. Il aurait dissimulé un peu moins de 200.000 euros sur la période 2018-2022, et fait l’objet d’une procédure ouverte mi-avril suite à un signalement de Tracfin, la cellule de renseignement financier de Bercy. Selon BFMTV, le député aurait reçu des virements sur ses comptes bancaires et encaissé plusieurs dizaines de milliers d’euros en espèces, alors qu’il a déclaré à la HATVP ne toucher aucune rémunération des sociétés qu’il a montées. Interrogé la semaine dernière, l’intéressé a semblé tomber des nues, assurant qu’il sera «parfaitement transparent sur l’intégralité de ces éléments, tant avec les institutions qu’avec l’opinion publique».
Mercredi cependant, BFMTV a révélé que Carlos Bilongo aurait aussi «bénéficié jusqu’en décembre 2022, soit six mois après son élection, d’un logement social qu’il sous-louait à l’une de ses sœurs à Villiers-le-Bel, dans le Val-d’Oise, alors qu’il était dans le même temps propriétaire de deux autres appartements». Une nouvelle révélation bien encombrante. D’autant qu’en février dernier, dans la ligne des déclarations d’intention des Insoumis, il avait dénoncé au média StreetPress «le fléau» du manque de logements sociaux, qui «permet à des gens véreux de profiter de personnes en détresse».
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Dans sa défense, ce proche de Jean-Luc Mélenchon dit avoir acquis en 2018 «deux logements avec des prêts immobiliers ; l’un en investissement locatif (…) l’autre pour (son) futur logement personnel impliquant de lourds travaux qui ont été réalisés jusqu’à (son) départ du logement social dans lequel (il résidait) avec (sa) sœur». Le député dit avoir «informé le bailleur social par écrit et par voie d’huissier en 2019 de toutes ces informations, qui n’y a rien trouvé à redire». S’il affirme ne pas avoir habité dans ce logement social alors qu’il était élu, il ne dit pas à quelle date il l’a quitté ni s’il l’a sous-loué à une de ses sœurs.
Élu en juin dernier face à l’ancien socialiste, François Pupponi, qui a rejoint la majorité présidentielle, il vient de publier Noir français, aux Éditions Philippe Rey. Ce récit d’une histoire familiale partagée entre le Congo et Villiers-le-Bel est aussi une réponse à une insulte raciste tombée des rangs du RN le jour de sa première intervention à l’Assemblée nationale… Mais les révélations le concernant pourraient projeter une autre lumière sur son parcours.
Dans le Val-d’Oise, l’affaire du logement choque. «Comment peut-on continuer à conserver un logement social quand on est propriétaire sans être dans l’illégalité? Les travaux dans son appartement ont duré quelques semaines. Très vite, il y a reçu des proches», assure une source. D’autres s’étonnent des modes de fonctionnement de ses petites entreprises, spécialisées dans le coaching sportif, l’accompagnement au permis de conduire ou la gestion immobilière. Doté d’un bac pro et d’une licence en marketing, il enseignait aussi en lycée.
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Chez les Insoumis, un autre député du Val-d’Oise, Paul Vannier, juge «insupportable de voir Carlos Bilongo cloué au pilori médiatique sur la base de fuites illégales transmises par le parquet ou les services enquêteurs». Députée de Seine-Saint-Denis, Raquel Garrido, pointe François Pupponi. «Il lui est très hostile», dit-elle. Cette «aversion politique», elle dit l’avoir vécue «avec Jean-Christophe Lagarde, qui a aussi utilisé un média pour tenter de nous éliminer avec Alexis Corbière».
Sur le fond, si elle «ignore tout du dossier», elle défend son collègue. «Il n’est pas interdit de créer des entreprises dans ce pays, dit-elle, ni d’investir dans des appartements locatifs. Les gens se débrouillent pour gagner leur vie.» François Pupponi, de son côté, juge Raquel Garrido «complètement barge». «J’ai arrêté la politique, dit-il. Je ne sais rien des affaires de monsieur Bilongo. Mais si la technique de la Nupes, c’est de se défendre en accusant les autres, ils en rendront compte devant la justice!»