«Vive les idées jeunes et ceux qui les portent !» Dimanche soir, Emma Rafowicz, présidente des Jeunes socialistes (JS) tout juste réélue, a tenté de se raccrocher aux branches. Mais la maladresse de ses propos «anti-vieux», plus tôt dans la journée, tenus à un rassemblement des jeunes de la Nupes à Alfortville (Val-de-Marne), faisait réagir la gauche lundi. Au risque de porter préjudice au premier secrétaire du PS, Olivier Faure, secoué ces temps-ci par le courant anti-Nupes.
Dans une salle prêtée par le maire socialiste d’Alfortville, Luc Carvounas, pleine de jeunes socialistes, écologistes et Insoumis – les communistes ayant décliné l’invitation – la jeune parisienne de 27 ans s’est exclamée dimanche : «Ce n’est pas sérieux de laisser des éléphants responsables de notre chute décider de notre avenir. Restez dans vos salles sombres, dans vos chuchotements, nous ne voulons plus vous entendre. Vous nous avez fait perdre, laissez nous gagner.» Des propos durs, adressés aux anciens de son parti, en particulier ceux qui se sont rassemblés autour de Bernard Cazeneuve à Créteil (Val-de-Marne), le 10 juin dernier. «Vous avez choisi Créteil, nous sommes à Alfortville», leur a-t-elle lancé avec enthousiasme sous les applaudissements.
L’idée de ce meeting était de faire en sorte que les jeunes de la Nupes puissent faire pression pour la création d’une liste commune de la Nupes aux Européennes de 2024. Sauf que jusqu’ici, seuls les Insoumis y sont favorables. Emma Rafowicz semble le regretter. «L’appel d’Alforville, a-t-elle décrété dans son intervention, s’adresse à tous nos vieux que nous voyons dans nos réunions, irresponsables, qui parfois nous disent : ‘nous sommes trop différents’. Nous leur disons : ‘Assumerez-vous le choc, le désespoir, d’une jeunesse qui est allée voter en 2022 mais qui n’irait pas en 2024 !» Alors qu’Olivier Faure considère que les obstacles et les différences sont trop nombreux pour une liste commune, sa conviction a elle est faite: «Rien n’est impossible à partir du moment où tout le monde y met du sien…»
Un enthousiasme de jeunesse qui ne simplifie pas la situation du premier secrétaire du PS. Il doit justement se rendre samedi à Lyon, à un week-end organisé par un des courants hostiles à la Nupes, celui d’Hélène Geoffroy. Olivier Faure va y côtoyer Bernard Cazeneuve mais aussi l’ancien président François Hollande et de nombreux autres «éléphants». Nul doute qu’il devra y rendre des comptes des propos de la présidente des JS, proche de lui. «Il faut des gens qui ont de l’expérience et un peu adultes, plutôt que d’avoir des jeunes qui n’ont pas beaucoup de respect. C’est un vrai problème dans la société et au sein de la gauche», s’est agacé lundi matin sur Public Sénat, l’ancien ministre et maire du Mans, Stéphane Le Foll
«C’est une honte de traiter nos vieux camarades socialistes comme tu le fais dans ton discours. Si ta vision politique c’est d’opposer les générations, alors on a rien à faire dans le même parti», a dénoncé le vice-président socialiste de la région Occitanie Kamel Chibli, proche de la présidente PS de sa région, Carole Delga. «Ton discours hors sol, formaté et apparatchik est affligeant.» «Merci à tous les socialistes, « jeunes »
Député de l’Essonne, du courant d’Olivier Faure, Jérôme Guedj est monté au créneau pour la défendre : «Pour changer la vie, on a évidemment besoin de toutes les générations. Les vieux que pointe à juste titre Emma Rafowicz, ce sont les défenseurs d’une vieille politique, de tous âges, qui n’ont pas compris que le monde change.»