Il a créé l’attente, il a offert son silence. Pour les traditionnelles cérémonies du 14 Juillet, Emmanuel Macron a choisi de ne pas se livrer à la traditionnelle interview télévisée devant les Français. Presque une habitude en réalité puisque depuis sa première élection, en 2017, le président de la République ne s’y est livré qu’à deux reprises. En 2020, après le confinement, et alors que l’épidémie de Covid n’était pas encore maîtrisée. En 2022, après sa réélection, et alors que la Russie avait tenté d’envahir l’Ukraine cinq mois plus tôt.

Des moments forts, donc, que le chef de l’État semble placer, par son silence, au-dessus des récentes émeutes qui ont frappé le pays. Emmanuel Macron va parler, pourtant. Il s’y était engagé le 17 avril dernier en lançant sa séquence des «cent jours» pour apaiser le pays après la conflictuelle réforme des retraites. À l’époque, le chef de l’État avait assuré qu’il reviendrait devant les Français autour du 14 Juillet pour un «premier bilan» des trois grands chantiers lancés alors. Le premier sur le travail, pour renouer avec les syndicats et lancer des discussions sur les salaires, notamment.

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Après des mois de dialogue de sourds à cause des retraites, les syndicats ont renoué le dialogue la semaine dernière avec Élisabeth Borne pour aborder ces sujets. Le deuxième chantier portait sur la justice et l’ordre républicain. Le chef de l’État s’était notamment engagé à renforcer le contrôle de l’immigration illégale et avait promis des «annonces fortes» contre la délinquance. Dernier chantier, enfin, celui de l’éducation et de la santé avec la promesse de «désengorger» tous les services d’urgence d’ici à fin 2024. Sur le volet politique, Emmanuel Macron avait aussi demandé à sa première ministre, Élisabeth Borne, de continuer à travailler pour élargir la majorité. Mais, comme il y a un an après les élections législatives, Les Républicains rechignent toujours à se rapprocher du chef de l’État.

C’est sur tous ces aspects qu’Emmanuel Macron est attendu, mais pas seulement. Silencieux depuis les émeutes, il n’a toujours pas donné sa lecture de l’événement, préférant prendre le temps de consulter avant de parler. Le sujet du remaniement est toujours dans l’air, lui aussi, avec le sort d’Élisabeth Borne en suspens. Là encore, il s’agit de savoir comment le président de la République répond à la demande d’ordre qui s’est intensifiée dans le pays après les émeutes.

De tout cela, Emmanuel Macron n’a rien laissé transparaître vendredi, saluant aimablement ses ministres dans la tribune où il assistait au défilé militaire aux côtés du premier ministre indien, Narendra Modi. L’année prochaine, le traditionnel défilé se déroulera entre Vincennes et la place de la Nation, en raison des Jeux olympiques.

Seule une «erreur» du protocole a terni la journée lorsque la première ministre s’est retrouvée placée loin du président dans la tribune, contrairement aux usages. Mais, concernant un éventuel remaniement, les membres du gouvernement devront encore supporter l’attente de l’intervention à venir du chef de l’État. Et cela peut durer. D’un point de vue strictement comptable, la période des «cent jours» ouverte par Emmanuel Macron le 17 avril s’achèvera le 26 juillet. Dans douze jours.