L’exécutif veut en faire un moment de vérité, à trois mois des élections européennes. Gabriel Attal est attendu devant l’Assemblée nationale, ce mardi, pour défendre le plan de soutien de la France à l’Ukraine, dans la guerre qui l’oppose à la Russie depuis plus de deux ans. Le discours du premier ministre doit être suivi d’un débat puis d’un vote symbolique, en toute fin d’après-midi, avant un exercice similaire prévu mercredi au Sénat.

Devant défiler un à un à la tribune, les représentants des oppositions comptent profiter de celle-ci pour cibler la récente sortie d’Emmanuel Macron sur le possible envoi de troupes occidentales en renfort de Kiev. Une «ambiguïté stratégique» assumée par le chef de l’État, qui refuse de «fixer des limites» face à Moscou, ainsi qu’il l’a confirmé aux patrons de partis jeudi dernier à l’Élysée.

Des propos qui devraient s’inviter dans la discussion, au risque de reléguer au second plan l’aide civile et militaire signée le mois dernier avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky. «Ce vote devait porter sur l’accord de sécurité, mais les récents propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi des troupes au sol emportent tout», prévient le député Insoumis, Arnaud Le Gall, qui prendra la parole ce mardi au nom du groupe mélenchoniste. Même si le scrutin, convoqué au titre de l’article 50-1 de la Constitution, n’est pas «contraignant», la séquence pourrait scinder l’Hémicycle en deux camps. «Pour nous, c’est plutôt favorable. Ça clive sur le plan électoral et ça parle aux gens qui votent pour nous ou pour Raphaël Glucksmann», assume un député de la majorité. Manière de renvoyer ceux qui s’opposeraient à l’accord à une supposée «complaisance» vis-à-vis du Kremlin.

D’où le «piège» évoqué par un proche de Marine Le Pen, qui entend bien y répondre avec prudence. Si le parti à la flamme devrait a priori s’abstenir ou voter contre, le vice-président RN de l’Assemblée, Sébastien Chenu, a indiqué sur France 3 que les députés nationalistes trancheraient «en fonction du discours de Gabriel Attal», dont ils attendent «des éclaircissements». Quant à la droite LR, où l’on soutient la défense de l’Ukraine malgré quelques réserves, le patron du parti, Éric Ciotti, a dénoncé «l’instrumentalisation aux fins de campagne électorale» du conflit par l’exécutif.

Pourtant très favorables à ce que Paris se tienne de manière «indéfectible» aux côtés de Kiev, les Écologistes se sont, eux aussi, mis à douter depuis les déclarations d’Emmanuel Macron. «Nous allons trancher mardi matin en réunion de groupe», esquive un stratège des Verts. Côté Insoumis, où l’on refuse aussi de dévoiler la consigne de vote, le choix se fera vraisemblablement entre abstention ou opposition. «Si le discours du premier ministre reprend les éléments qu’il y a dans le traité», comme l’adhésion de l’Ukraine à l’Otan, Fabien Roussel a fait savoir que le PCF voterait contre. Au sein de feu la Nupes, seuls les socialistes assument donc de voter «pour», comme l’a assuré le patron du groupe, Boris Vallaud.