Gérard Larcher le promet : «Je ferai tout pour que ce ne soit pas quatre années pour rien». Pas question cependant de franchir le Rubicon d’une entrée au gouvernement alors que son nom circule comme un éventuel futur locataire de Matignon. «Si le président de la République me proposait d’être premier ministre, je refuserai (…) Je refuserai clairement. Être premier ministre, cela procède d’un projet qu’on partage, d’un contrat qu’on a passé et donc que ça n’est possible qu’avant ou après une élection», a-t-il expliqué dimanche sur le plateau du «Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro». Dont acte.

Contrairement à d’autres cadres de l’opposition, Gérard Larcher ne considère par ailleurs pas que la France serait entrée dans une «crise démocratique» depuis l’adoption de la réforme des retraites. «Le Parlement n’est pas paralysé. C’est le gouvernement qui lui est un peu pris entre des impératifs contraires», a-t-il jugé. Le président du Sénat dit d’ailleurs avoir mis en garde Emmanuel Macron : «J’ai dit au président de la République que ce qui était en cause, en plus de ne pas avoir de majorité, c’était sa méthode, sa verticalité. Elle n’est pas supportée par les Français». Dans ce contexte, Gérard Larcher s’est réjoui de la reprise des concertations entre les syndicats et l’exécutif. «Voici venu à nouveau le temps du dialogue social. Il a été particulièrement faible dans notre pays depuis six ans», a-t-il raillé.

Contrairement à certains à droite, dont le député du Lot Aurélien Pradié, Gérard Larcher n’a pas incité les siens à voter le 8 juin prochain pour la proposition de loi du groupe Liot. Ces centristes comptent profiter de leur journée de niche parlementaire pour abroger la retraite à 64 ans. «Une loi vient d’être votée. Il faut maintenant qu’elle soit mise en œuvre. Je pense que c’est affaiblir la fonction de parlementaire d’utiliser le subterfuge d’une proposition de loi» pour revenir sur un texte tout juste adopté, a estimé le président de la chambre haute. Selon lui, la majorité à droite au Sénat ne soutiendrait d’ailleurs pas un tel texte. Quant aux mobilisations toujours en cours contre la réforme des retraites, Gérard Larcher a prévenu qu’il serait «inacceptable» que des manifestations se tiennent lundi lors des commémorations du 8-mai. «La dignité fait aussi partie des valeurs essentielles de la République. Il y a un temps pour tout», a-t-il rappelé.

Gérard Larcher espère en tout cas que le gouvernement sera au rendez-vous du projet de loi immigration, repoussé à l’automne prochain. Selon lui, cette question migratoire est «un des grands échecs des six années d’Emmanuel Macron» à l’Élysée. «Il y a nécessité à travailler l’asile, le regroupement familial, les étudiants, l’intégration, la situation des mineurs non accompagnés», a-t-il déroulé. Le président du Sénat a donc légèrement ironisé sur les critiques de Gérald Darmanin contre la chef du gouvernement italien Giorgia Meloni : «Encore faudrait-il qu’on puisse donner des leçons. En matière migratoire, je ne suis pas certain que nous soyons exemplaires», a-t-il voulu rappeler, tout en épinglant à son tour la présidente du conseil des ministres d’Italie : «Les limites de Madame Meloni, nous sommes en train de les voir. Elle s’était engagée à faire cesser l’immigration. On voit le résultat aujourd’hui», a-t-il noté.