Perchés de longues heures aux fenêtres de l’établissement, les derniers étudiants ont quitté samedi les locaux de Sciences Po. Après trois jours de blocage, un accord a finalement été trouvé entre la direction et la centaine de manifestants propalestiniens. Notamment sur l’organisation d’un débat interne au cours duquel devrait être abordée l’une des revendications du mouvement : la suspension des « partenariats de l’école avec les universités et organisations soutenant l’État d’Israël ».

Si le calme est depuis revenu devant l’institution de la rue Saint-Guillaume, plusieurs personnalités politiques ne décolèrent pas des concessions accordées par l’école. « Un accord de la honte », dénoncé ce dimanche par François-Xavier Bellamy, au micro d’Europe 1. Face à la « dérive » de Sciences Po, le chef de file des Républicains (LR) aux européennes a demandé au gouvernement de « stopper les financements publics » versés à l’école. « On ne peut pas financer une école qui est devenue le lieu d’un entrisme, mélange de gauchisme et d’islamisme, qui légitime des propos antisémites et des actes de violence », s’est indigné l’eurodéputé.

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Le même jour sur France 3, Jordan Bardella a lui aussi pointé du doigt « la douloureuse dérive » de l’établissement, « devenu une ZAD où se retrouvent toutes les sympathies pour les causes d’extrême gauche ». Dans le viseur du patron du Rassemblement national (RN), la direction de l’établissement qui aurait « abdiqué » face à ses élèves. « Il faut commencer par sanctionner les étudiants qui flirtent aujourd’hui avec un antisionisme qui dissimule un antisémitisme revendiqué », a-t-il réclamé, alors que la direction s’est engagée à ne pas poursuivre les bloqueurs.

Des slogans polémiques ont par ailleurs résonné dans le cortège d’étudiants, dont nombreux dissimulaient leurs visages sous des keffiehs. Au milieu de banderoles Insoumises, la candidate insoumise Rima Hassan a notamment scandé l’un des chants controversés : « From the river to the sea, Palestine will be free. » « Quand on part du fleuve pour aller jusqu’à la mer et jeter l’État d’Israël à l’évidence, ce sont à l’évidence des propos antisémites », a dénoncé Éric Dupond-Moretti, invité dimanche sur BFM.

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Le garde des Sceaux a pointé du doigt le rôle de Jean-Luc Mélenchon, qui « met le feu à l’université ». Quelques jours avant le blocage, le leader Insoumis avait fait étape dans la prestigieuse institution à l’occasion de sa « tournée des facs ». « Ils importent le conflit ici », s’est agacé le ministre de la Justice, alors que plusieurs élus de La France insoumise (LFI) se sont rendus sur place pour soutenir la mobilisation.

Depuis la Manche où il était en déplacement, Gabriel Attal a prévenu samedi qu’« il n’y aura(it) jamais de droit au blocage, jamais de tolérance avec l’action d’une minorité agissante et dangereuse qui cherche à imposer ses règles à nos étudiants et nos enseignants ». Au même moment, Rima Hassan appelait pourtant les autres instituts d’études politiques à propager le mouvement partout en France.

À gauche, la discrétion restait de mise chez les socialistes. Passée par Sciences Po, la tête de liste du PS, Raphaël Glucksmann, avait estimé vendredi que la direction avait « le droit de décider d’évacuer » les locaux, même s’il jugeait la cause « digne » et « noble ». Dans un entretien à La Tribune Dimanche , le député PS Jérôme Guedj a de son côté déploré la remise en cause des partenariats avec « des intellectuels, des universitaires israéliens », qui doit être discutée lors de la réunion publique.

À rebours de la position d’Olivier Faure, qui s’est félicité de l’accord passé entre la direction et une jeunesse qui s’engage « pour la justice et pour la paix ». « Les morts nous écoutent, les survivants nous regardent et nous, vivants, devons porter la voix de notre commune humanité », a professé le patron du parti de la rose.