Devant l’église Saint-Jacques de Dieppe, rêveuse et entourée de livres, une jeune fille pose vêtue d’un débardeur rouge au léger décolleté. Réalisée par l’auteur Jim, l’affiche du festival de BD à Dieppe, prévu les 22 et 23 juillet, représente Marie, héroïne de son récit intimiste Une Nuit à Rome. Le 20 juin, le festival présentait l’illustration sur Facebook, avant d’en publier une différente deux jours plus tard, sommairement modifiée. Une pile de livres couvre désormais la poitrine de la jeune fille.

Un changement voulu par la municipalité qui subventionne à hauteur de 1500 euros l’événement et en assure une partie logistique. «Quand nous avons vu l’affiche, nous avons alerté l’association sur le risque de polémique qu’elle pouvait susciter, a déclaré l’adjointe au maire en charge de la vie associative, des animations et de la lutte contre les discriminations aux Informations dieppoises . (…) Pour annoncer un événement quitouche tous les publics, nous avons pensé que la représentation d’une jeune femme enpose lascive, avec un décolletécertes léger, n’entrait pas dans la vision que nous nous faisons de la lutte contre les discriminations.»

À contrecœur, le festival s’est plié à l’exigence municipale : «Je ne suis pas d’accord avec la mairie, mais ce qui compte pour moi est que le festival se déroule dans les meilleures conditions possibles, dans le calme et un bon esprit, considère Jean-Pierre Surest, président de l’association normande de bande dessinée». L’organisateur a été soutenu dans cette optique par le dessinateur, qui a accepté sans souci de modifier son affiche : «L’organisateur est sympa, je me cale sur lui et ne souhaite pas lui compliquer la tâche: on sait tous le boulot que représente un festival…» a-t-il déclaré au Parisien , joint via les réseaux sociaux.

Dès la publication de la nouvelle affiche sur Facebook, de vives réactions se sont multipliées sur la toile, certaines dénonçant une censure teintée de pudibonderie et alimentant une nouvelle polémique.

Une controverse que le dessinateur considère comme «une tempête dans un verre d’eau», selon France 3 Normandie et qui laissent l’organisateur pantois: «Tout cela prend une proportion démesurée. Et surtout, je suis sidéré par la violence de certains propos qui circulent sur les réseaux sociaux», déplore-t-il. «Moi, je ne fais pas de politique, je m’occupe d’un festival de bande dessinée que j’affectionne énormément et qui attire toujours plus de visiteurs.»