Un moment «très émouvant»: la relique du «Précieux Sang du Christ», volée en juin 2022 et retrouvée quelques semaines plus tard aux Pays-Bas dans des conditions rocambolesques, a été restituée mercredi à l’abbatiale de Fécamp, en Seine-Maritime. «Je suis en train de vivre quelque chose de peu permis dans une vie d’élu. Ces reliques, c’est notre histoire, une histoire médiévale», a déclaré devant la presse le maire de Fécamp David Roussel.

Mercredi, le reliquaire en or, l’un des objets les plus sacrés jamais volés à l’Église catholique, a été présenté à une centaine de fidèles au cours d’une messe à l’abbatiale de Fécamp, où il est conservé depuis le XIIe siècle. Il sera ensuite placé dans un lieu tenu secret. «On ne peut pas tout dire sur le renforcement des mesures de sécurité. On s’est fait accompagner par la direction régionale des Affaires culturelles et les services de l’État pour protéger l’abbatiale et la sacristie», a précisé le premier adjoint au maire, Pierre Aubry.

L’évêque du Havre a exprimé sa «gratitude aux services enquêteurs qui ont permis cette restitution». «Les reliques du “Précieux Sang” sont le support sensible de la foi, de leur foi au Christ pour les fidèles. Je dis ma satisfaction pour la communauté chrétienne mais aussi pour la ville de Fécamp», a poursuivi le religieux. L’objet sacré, d’environ 30 centimètres de haut, renferme deux fioles métalliques contenant des gouttes de sang de Jésus recueillies lors de la crucifixion, selon les croyants. Source de culte pour les pèlerins catholiques depuis près d’un millénaire, il avait été volé à Fécamp dans la nuit du 1er au 2 juin 2022, deux semaines avant la célébration annuelle de la «Messe du Précieux Sang».

Le reliquaire a été retrouvé un mois plus tard aux Pays-Bas par un détective d’art, Arthur Brand. Celui-ci avait expliqué mi-juillet 2022 à l’AFP avoir été prévenu par e-mail par un expéditeur anonyme affirmant avoir le butin volé en sa possession. Une boîte en carton avait ensuite été déposée devant sa porte, après un coup de sonnette dans la nuit du 1er juillet. Outre le reliquaire, la boîte contenait aussi plusieurs plaques liturgiques en cuivre, des représentations de saints et un gobelet orné, également volés à l’abbatiale, selon le détective néerlandais.

«Cette restitution illustre la puissance des États quand ils agissent ensemble et elle témoigne de l’importance des réseaux de coopération internationale. La stratégie de diffusion à l’international des biens volés a porté ses fruits, rendant invendables les biens dérobés et obligeant les receleurs à s’en séparer», s’est félicité le colonel Hubert Percie du Sert, chef de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels. La crainte des enquêteurs dans les cas de vol d’œuvres d’art est que les objets partent «très vite dans des réseaux de receleurs à l’international». Mais, malgré les investigations menées par l’OCBC et la direction territoriale de la police judiciaire de Rouen, «personne n’a été mis en cause pour le vol des objets à ce stade», a ajouté le colonel.

«Le travail de police technique et scientifique qui a été effectué n’a rien donné à ce stade mais des éléments ont été collectés. Cela pourrait permettre d’avancer de nouveau dans les semaines, les mois ou les années à venir», a souligné pour sa part le directeur de la police judiciaire de Rouen, Fabien Lang.