C’est l’enquête sur l’assassinat de Clara, une jeune fille aspergée d’essence puis brûlée vive par un homme masqué par une cagoule. Le polar hanté de Dominik Moll a reçu six César en février 2023, dont celui du meilleur film. Le réalisateur n’a jamais caché qu’il s’était inspiré d’un féminicide réel. Lors de la cérémonie, le cinéaste avait tenu à rendre hommage à la victime, de chair et d’âme, de ce terrible destin: «Une pensée pour la vraie Clara, la vraie victime de l’affaire qui a donné lieu au film. Elle s’appelait Maud».

À l’occasion de sa présence au festival Quais du Polar, qui se tenait à Lyon jusqu’au dimanche 2 avril, Dominik Moll dans un entretien accordé à nos confrères du Parisien est revenu sur cette déclaration qui levait l’anonymat sur la genèse de la trame de son film et sur l’identité de la «vraie» victime: «Beaucoup de journaux ont ressorti l’affaire et, honnêtement, ça m’a fait chier. Je me suis alors demandé si j’avais bien fait de parler de Maud, si je n’étais pas allé trop loin».

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Pris par le remords, il s’est posé la question de savoir s’il n’avait pas «ajouté de la souffrance à leur souffrance». Finalement, ce sont les parents de Maud, qui l’ont libéré de son inquiétude en lui donnant un coup de téléphone quinze jours après son triomphe aux César.

Les mots des parents de Maud l’ont rasséréné, lui ont fait comprendre que son allocution n’était pas déplacée: « Ils m’ont remercié pour le film, d’avoir parlé de leur fille aux César. Cela les a touchés. Et cela m’a rassuré». Dominik Moll avait signé le film français le plus fort de l’année. Il sait maintenant qu’il a fait œuvre contre le féminicide sans meurtrir à nouveau les familles des victimes.