L’Union Jack flotte à nouveau sur Dinard où se tient depuis mercredi le 34e festival du film britannique. Six films, issus d’une nouvelle génération d’auteur, ont été soumis au jury présidé par Catherine Frot. Contrairement à l’édition précédente où le biopic Emily sur la romancière britannique du dix-neuvième siècle Emily Brontë avait fait une razzia, cette sélection ne compte aucun film en costumes et dresse le portrait de jeunes gens -souvent des femmes- d’aujourd’hui, issus de la « working class ». Une nouvelle approche du film social qui a ravi Jonathan Zaccai. Le comédien du Bureau des légendes a endossé avec plaisir les devoirs de juré. Débriefing à quelques heures de la cérémonie de clôture.
LE FIGARO. Pourquoi avoir accepté de siéger dans le jury de Catherine Frot ?
JONATHAN ZACCAI. J’adore cet exercice de jury. Ma dernière expérience remonte à quelque temps. J’étais dans celui des Arcs avec comme président le réalisateur danois Thomas Vinterberg, un artiste passionnant. C’est aussi l’occasion de côtoyer des artistes que je ne connais pas et que j’admire, comme Catherine. Ma jeunesse a été baignée par le cinéma britannique, les films des Monty Python, Terry Gilliam, Ken Loach, Stephen Frears ou le grand romantisme des fresques de James Ivory comme Chambre avec vue. Après avoir rejoint la distribution du deuxième film tiré de la série Downton Abbey , cette immersion dans le 7e art d’outre-manche ne pouvait que me réjouir.
Quelles tendances se dégagent de cette sélection ?
Le film social prédomine mais les longs-métrages présentés, souvent des premiers et des seconds films, s’éloignent des maîtres du genre comme Ken Loach. Il y a une aspiration, une envie d’être moins rude. Les sujets – beaucoup de protagonistes ont perdu un de leurs parents jeunes- sont lourds, mais ce réalisme est contrebalancé par des partis pris esthétiques. J’ai découvert une nouvelle génération de metteurs en scène britanniques virtuoses. J’ai eu de vrais coups de cœur. Être dans un jury est un arbitrage perpétuel entre défendre un film difficile et aider un film au potentiel plus grand public à trouver une audience.
Quelles sont les différences entre le cinéma français et britannique ?
Nous avons déjà deux écoles de comédie différentes. La tradition française est plus dans le boulevard : on annonce le comique, les rires. Il y a davantage de fierté. Sur l’autre rive de La Manche, on verse dans une approche plus masquée, plus cynique. Les Anglais assument l’humour noir, le ridicule, le pathétique de la vie. Dans le registre du drame, les Anglais savent conserver une touche de comédie même dans les pires situations. Les films tricolores ont souvent eu du mal avec ce double langage qui nous parle beaucoup dans ma Belgique natale. Ce qui fascine aussi c’est la capacité du cinéma britannique à trouver des acteurs qui sortent tout droit de leur vie. Il y a un art de la fiction du réel. Dans Silver Haze, la comédienne principale est, comme son personnage, une grande brûlée. La gamine débrouillarde de Scrapper me donne cette même sensation.
Après Downton Abbey , vous reverra-t-on jouer dans la langue de Shakespeare ?
J’apparaîtrai dans Monsieur Spade, la minisérie du créateur du Jeu de la Dame Scott Frank qui devrait arriver l’an prochain sur Canal . Clive Owen que j’adore, prête ses traits au détective crée par le romancier Dashiell Hammet. L’action se déroule dans le sud de la France des années 1960, dans les Cévennes. Une période qui sied comme un gant à Louise Bourgoin, qui est aussi de l’aventure. Scott Frank m’a demandé d’auditionner après avoir regardé Le Bureau des légendes. Il me trouvait un petit air de psychopathe (rires). Je serai aussi à l’affiche de la comédie familiale de TF1, La Tribu, avec Alix Poisson. J’étais ravi de ce registre. Je me dis qu’il y a parfois méprise sur mon identité. On me donne des rôles très durs mais j’adore la comédie ! J’en rêve !