Un ancien membre d’un boys band japonais, Kauan Okamoto, a affirmé mercredi avoir subi des agressions sexuelles lorsqu’il était adolescent de la part de Johnny Kitagawa, le gourou des groupes masculins de pop japonaise (J-pop), décédé en 2019 à 87 ans. L’agence Johnny

Il est l’une des premières personnes à accuser publiquement M. Kitagawa, dont la presse nippone avait déjà évoqué de longue date des faits de harcèlement et d’agressions sexuelles présumés, mais qui n’a jamais été condamné. La controverse a ressurgi après la récente diffusion d’un documentaire de la chaîne de télévision publique britannique BBC.

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«J’espère que d’autres victimes se manifesteront, toutes, car elles sont très nombreuses, a déclaré M. Okamoto. J’aimerais également que la direction de l’agence, et Johnny lui-même s’il était présent aujourd’hui, reconnaissent ce qui s’est passé et fassent en sorte que de telles choses ne se reproduisent plus», a-t-il ajouté. Dans une déclaration transmise à l’AFP plusieurs heures après la conférence de presse de M. Okamoto, l’agence Johnny

Selon M. Okamoto, il était fréquent que les jeunes recrues de M. Kitagawa passent la nuit dans son appartement équipé d’un jacuzzi, d’un bar et d’une machine à karaoké. Le chanteur a déclaré que la première fois qu’il avait été agressé par M. Kitagawa, celui-ci s’était allongé à côté de lui et lui avait touché les parties génitales avant de lui faire une fellation. Toujours selon lui, M. Kitagawa lui a donné le lendemain 10.000 yens (68 euros au taux actuel), sans explication.

M. Okamoto pense que la plupart des «100 à 200» jeunes talents qu’il a côtoyés à l’agence ont subi des agressions similaires. Les garçons agressés étaient «généralement conscients» que le fait de rejeter les avances de Johnny Kitagawa nuirait à leur carrière, a-t-il dit. Certains «disaient même qu’il fallait (aller) chez lui pour réussir», a-t-il ajouté. Les médias locaux avaient déjà évoqué des accusations d’abus et d’exploitation sexuelle de mineurs à l’encontre de M. Kitagawa. En 1999, l’hebdomadaire Shukan Bunshun avait ainsi publié une série d’articles présentant les accusations de plusieurs garçons à son encontre.

M. Kitagawa avait obtenu des dommages-intérêts pour diffamation à la suite de ces publications, mais la décision avait été partiellement annulée en appel, le tribunal ayant estimé que le magazine avait des raisons suffisantes de publier ces accusations, selon l’agence de presse Kyodo. M. Okamoto a déclaré qu’il ne souhaitait pas demander d’enquête pour l’instant. «Grâce à Johnny, ma vie a changé, a-t-il dit. Mais je crois aussi que ce que Johnny a fait, me faire subir des actes sexuels quand j’avais 15 ans, et ce qu’il a fait subir aux autres, est une mauvaise chose».