Le panorama est désormais complet, si l’on exclut les quelques ajouts que Thierry Frémaux peut encore faire dans la sélection officielle. Les vétérans du cinéma y viennent en nombre, mais la sélection peut promettre quelques surprises. L’Italie et l’Amérique, parfois les deux rassemblées (Martin Scorsese est annoncé sur la Croisette), mais aussi l’Afrique s’y taillent la part du lion. La Quinzaine des Cinéastes vient, à son tour, de dérouler sa liste. Quinzaine des Cinéastes, et non plus des Réalisateurs, comme elle s’intitulait depuis sa création en 1969. La sélection parallèle, qui revendique de l’audace et une grande liberté dans ses choix, a changé de patronyme pour plus… d’«inclusivité». Le comité de sélection a également un nouveau délégué général. Le Français Julien Rejl, ancien critique à So Film, a repris les rênes des mains de l’Italien Paolo Moretti, resté quatre ans. À noter que la Quinzaine ne décerne pas de prix.

Sa sélection, donc. En ouverture, Cédric Kahn vient à Cannes, vingt-deux ans après avoir présenté Roberto Succo en sélection officielle, avec un film sur l’affaire Pierre Goldman. Du nom de cette personnalité d’extrême gauche, braqueur et auteur d’un livre singulier. Accusé d’un double meurtre au cours d’un procès très médiatique, il avait été blanchi en 1976, trois ans avant son assassinat. Michel Gondry, qui n’a rien sorti depuis 2015, présente Le Livre des Solutions. Dans ce long-métrage fait de déprime et d’humour, Pierre Niney donnera la réplique à Blanche Gardin.

L’essentiel de la sélection des dix-neuf films est centré sur des découvertes, avec notamment un drame indien sur la répression de la sexualité (Agra), un road-movie russe indépendant tourné en 2021 (La Grâce) ou encore un film belgo-camerounais sur le parcours d’une mère courageuse (Mambar Pierrette)… Le thriller pakistanais In Flames pourrait constituer une bonne surprise. Sean Price Williams, directeur de la photographie américain, passe à la réalisation avec The Sweet East. Diffusé en séance spéciale, Val Abraham a été réalisé par Manoel de Oliveira en 1993. Inspiré de Madame Bovary de Flaubert, il est traversé d’une sourde sensualité.

Le procès Goldman de Cédric Kahn – film d’ouverture

Val Abraham de Manoel de Oliveira – Séance spéciale

Agra de Kanu Behl

L’autre Laurens de Claude Schmitz

Inside the Yellow Cocoon Shell de Thien An Pham – premier long métrage

Blackbird Blackbird Blackberry de Elene Naveriani

La Grâce de Ilya Povolotsky – premier long métrage

Conan de Bertrand Mandico

Créé parElena Martin Gimeno

Déserts de Faouzi Bensaïdi

In Flames de Zarrar Kahn – premier long métrage

Ligue de Filipa Reis

Le Livre des solutions de Michel Gondry

Mambar Pierrette de Rosine Mbakam

Conte de feu de Weston Razooli – premier long métrage

Le sentiment que le temps de faire quelque chose est passé de Joanna Arnow – premier long métrage

The Sweet East de Sean Price Williams

Un Prince de Pierre Creton

À Song Sung Blue de Zihan Geng – premier long métrage

In Our Day de Hong Sang-soo – film de clôture

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La Semaine de la critique a rendu sa feuille, elle, le 17 avril. Cette autre sélection parallèle rassemble des premiers et deuxièmes films uniquement. Sept films concourent cette année. Il n’y en a qu’un de Français, Le Ravissement, thriller psychologique d’Iris Kaltenbäck. On suivra de près Jam Sleep de Jason Yu, qui était l’assistant réalisateur de Bong Joon-ho. Avec Ama Gloria, Marie Amachoukeli signe son premier long-métrage en solo – elle faisait partie du trio de réalisateurs de Party girl, qui a eu la camera d’or en 2014. Il s’agira du film d’ouverture. En clôture, la Semaine montrera le deuxième long-métrage d’Erwan Le Duc, La fille de son père. Son premier, Perdrix, en 2019, avait été une réussite.