Le retard de près de sept heures subi par les passagers d’un train Paris-Clermont-Ferrand le mois dernier a été la goutte de trop. Le gouvernement et la SNCF ont annoncé ce vendredi un plan d’actions spécifique pour cette ligne «maudite» de la compagnie ferroviaire, cauchemar des usagers, où 163 trains ont enregistré un retard supérieur à une heure en 2023. Un plan réclamé à la SNCF par le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu à la suite de l’incident de mi-janvier. Le patron de l’entreprise publique Jean-Pierre Farandou est venu présenter sa copie à l’exécutif ce vendredi à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme), devant Christophe Béchu, mais aussi le ministre délégué aux Transports, Patrice Vergriete, et la ministre déléguée aux Collectivités territoriales et à la Ruralité, Dominique Faure.
Pour éviter au maximum les retards importants, une locomotive de secours supplémentaire sera ainsi installée dès le 4 mars au centre de la ligne, à Nevers (Nièvre). «Elle s’ajoutera aux deux existantes aux extrémités de la ligne, et servira à secourir plus rapidement les trains dans la zone Nevers-Montargis», explique-t-on chez SNCF Voyageurs. D’ici le mois de mai, cette locomotive roulera tous les soirs pour accompagner les derniers trains de la ligne. «Ce dispositif de secours permettra d’éviter les très grands retards», a insisté Christophe Béchu devant la presse. Par ailleurs, à partir de septembre, une équipe d’intervention rapide et de maintenance sera présente à Nevers, comme demandé par les associations d’usagers.
À lire aussiParis-Clermont-Ferrand : cette ligne maudite de la SNCF, «plaie ouverte» des usagers et des élus locaux
Un autre point saillant annoncé ce vendredi par la SNCF concerne la protection des voies du Paris-Clermont. «Comme beaucoup de retards ne sont pas liés uniquement à la vétusté de la ligne, mais au fait que nous traversons des zones giboyeuses, et que l’on est sur des secteurs dans lesquels il y a des risques externes, il faut que l’on traite cette ligne à terme comme une ligne à grande vitesse, c’est-à-dire en sécurisant son fuseau», a estimé Christophe Béchu.
Ainsi, une enveloppe de 7 millions d’euros est prévue par SNCF Réseau en 2024 pour limiter les incidents liés à la faune et à la végétation – soit une hausse de 50% du budget annuel par rapport à 2020. Plus concrètement, 10 kilomètres de clôture seront installés dès cette année pour éviter les passages d’animaux sur les voies et ainsi circonscrire le risque de collision de gibiers avec les trains. Un plan de débroussaillage le long de la ligne, sur 220 km, est également annoncé, pour éviter les chutes d’arbres sur les voies. «Une convention avec la Fédération de chasse de la Nièvre va être passée fin mars pour améliorer la protection contre la faune», précise par ailleurs la SNCF.
Qui dit retards dit également indemnisation des voyageurs. La SNCF fait un pas vers eux, en annonçant un renforcement des mesures tarifaires et des dédommagements. Désormais, en cas de retard de 3 heures ou plus, tous les passagers seront remboursés à hauteur de 100% du prix du billet. En cas de retard encore plus important, le remboursement pourra monter jusqu’à 200%. Une mesure à effet immédiat. Enfin, la SNCF va améliorer la prise en charge des voyageurs coincés dans un train à l’arrêt, «en systématisant l’approvisionnement en bouteilles d’eau et en repas dès qu’un retard dépassera les deux heures».
Une série de mesures d’urgence donc, avant, espère-t-on du côté de la SNCF, que la situation ne s’améliore grâce à l’arrivée de nouvelles rames «Oxygène» entre le second semestre 2025 et fin 2026, et l’aboutissement de travaux de régénération et de modernisation des infrastructures. Au total, 1,2 milliard d’euros ont été engagés par l’État et la SNCF dans ces chantiers, qui doivent être achevés en 2026.