Si l’on s’attend à ce que la couleur du sang des règles soit rouge, il arrive qu’elle vire au brun voire au noir. Ce changement de teinte peut inquiéter. Pourtant, même s’il impressionne, le phénomène n’est pas systématiquement pathologique. Quand doit-on s’en préoccuper ? Le Figaro fait le point avec le Dr Geoffroy Robin, maître de conférences des universités, praticien hospitalier en médecine de la reproduction et en gynécologie médicale au CHU de Lille, secrétaire général du collège national des gynécologues et obstétriciens français.
De manière générale, les règles sont un phénomène complexe qui provoque une importante désorganisation de la muqueuse utérine, ou endomètre. À chaque cycle, des signaux hormonaux induisent des mécanismes d’autodestruction cellulaire (apoptose) et de vasoconstriction des vaisseaux (diminution de leur diamètre), entraînant la nécrose de l’endomètre. En se détruisant, celui-ci est expulsé dans le flux menstruel qui se compose de sang, de caillots et de lambeaux de tissu utérin nécrosé. Si la plupart du temps, ce flux est de couleur rouge, il arrive parfois qu’il prenne une coloration plus foncée, du brun clair au marron noirâtre. « Une teinte foncée s’explique par le fait que des petits bouts de tissus nécrosés ont stagné dans l’utérus et se sont oxydés avant d’être expulsés. Mais le stress oxydant n’est pas la raison principale de cette couleur, cela dépend surtout de la structure du tissu endométrial. Chez certaines femmes, la nécrose sera plus foncée que d’autres, un peu comme certaines personnes ont des hématomes très violets », indique Geoffroy Robin.
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La plupart du temps, les pertes noires (brunes ou marron) sont d’origine naturelle et sans gravité. Elles peuvent survenir :
Plus rarement, des règles noires ont une origine pathologique :
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La couleur noire en elle-même est rarement un indicateur d’alerte si elle n’est pas associée à d’autres symptômes tels que de la fièvre, une odeur nauséabonde et/ou des douleurs menstruelles. En revanche, un changement soudain n’est souvent pas anodin. « Lorsque des pertes noires sont douloureuses et s’accompagnent de fièvre, on suspecte une infection génitale telle qu’une salpingite (une infection des trompes qui relient l’utérus aux ovaires) ou une endométrite aiguë, en particulier en cas d’écoulement vaginal jaunâtre et/ou verdâtres associés », explique le Pr Robin. Cela peut également indiquer la présence d’une vaginose bactérienne , d’une maladie sexuellement transmissible ou encore d’une mycose, en raison d’une modification inhabituelle de la flore vaginale.
S’il s’agit d’un phénomène naturel, c’est-à-dire si les pertes noires ont toujours été présentes lors des cycles, que la patiente est sous contraception hormonale et qu’il n’y a aucun signe d’infection, toutes les protections périodiques sont envisageables. En revanche, si d’autres symptômes accompagnent ces pertes, « il faut privilégier des protections extra-vaginales telles que la serviette hygiénique et éviter le tampon ou encore la cup », conseille le gynécologue. « Dans un second temps, et assez rapidement, un bilan gynécologique s’impose, », insiste-t-il.
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Si les pertes noires ont une cause naturelle et ne sont pas invalidantes, aucun traitement n’est nécessaire. Il s’agit simplement de la réponse de l’endomètre aux fluctuations hormonales.
Si vous souffrez parallèlement d’autres symptômes, votre gynécologue réalisera un diagnostic qui pourra impliquer un prélèvement de sécrétions vaginales, un frottis voire un examen échographique.