Chacun peut le voir autour de soi, ces derniers temps. Les infections au Covid-19 sont en forte augmentation depuis quelques semaines. Une poussée épidémique inquiétante pour les spécialistes et le gouvernement, qui, face un énième variant, a été amené à avancer au 2 octobre le début de la nouvelle campagne de vaccination. Ce mercredi, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau ne souhaitait pas «manier la “stratégie de la peur”.» «Pour le Covid, comme pour le reste, notre seule stratégie c’est la transparence et la confiance dans la science. Ni culpabilisation, ni contrainte», a stipulé le membre du gouvernement. Deux ans et demi après la première injection de Mauricette en décembre 2020, où en est le processus en France ? Une étude EpiCov pour la Dress, publiée ce jeudi, vient donner des éléments de réponses.

D’un point de vue assez général, les dispositifs et les contraintes actionnés par l’exécutif il y a plusieurs mois, comme le passe vaccinal, ont, c’est le moins que l’on puisse dire, fonctionné : 83% des Français de 18 ans et plus affirment disposer d’un schéma vaccinal complet, à savoir trois doses ou plus, ou deux doses et une infection ou deux doses mais avec un vaccin Janssen. Un taux qui monte à 93% pour les personnes n’ayant reçu qu’une dose de vaccin. Si la couverture vaccinale est presque achevée, une petite minorité de Français (7%) continuent, contre vents et marrés, de refuser toute piqûre. Quels sont donc ces réfractaires ? Existe-t-il des profils type ?

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Le processus n’ayant quasiment pas progressé depuis la fin de l’année dernière, l’enquête réalisée à l’automne 2022 auprès de 85.000 Français permet donc de mesurer en 2023 «les disparités de recours à la vaccination.» Premier constat : se faire vacciner, c’est une démarche socialement marquée. En d’autres termes, les 10 % de personnes au niveau de vie le plus élevé bénéficient plus souvent d’un schéma vaccinal complet que les 10 % les plus modestes. Alors que la vaccination était totalement prise en charge par l’Assurance maladie, l’écart entre les taux de ces deux groupes est de 20 points. Même différence sociale entre, d’une part, les cadres et professions intellectuelles supérieures et les ouvriers, d’autre part, de 11 points.

Autre enseignement de l’étude, les variations de vaccination liées à l’origine migratoire. Concrètement, les immigrés hors Union européenne et leurs descendants ont moins souvent un schéma vaccinal complet que les personnes qui n’ont aucune filiation étrangère. Sur ce critère, l’écart est de 13 points avec les premiers et de 17 points avec les seconds. L’enquête montre par ailleurs que «ces immigrés et descendants d’immigrés, souvent originaires d’Afrique, ont été plus souvent contaminés par le virus.» Et de souligner un paradoxe : «Alors que ces populations étaient plus fréquemment exposées à la maladie au début de l’épidémie, elles se sont en définitive moins souvent protégées en se vaccinant.»

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Au sein de cette communauté réfractaire, il ne faut toutefois pas négliger le poids de la défiance envers les autorités gouvernementales et scientifiques pour expliquer ce refus du sérum. L’épidémie et la vaccination attenante avaient alimenté bon nombre de réseaux en marge de la société, voire complotistes. Parmi les personnes qui déclaraient, à l’été 2021, ne pas avoir du tout confiance en l’action du gouvernement pour contrer et gérer les vagues, 71% avaient un schéma vaccinal complet. Un chiffre qui grimpait à 90% chez les sondés qui laissaient l’exécutif être aux manettes. L’écart est de 30 points s’agissant de la confiance à l’égard des scientifiques. Une méfiance qui est plus importante chez les catégories les moins aisées de la population.

Dernier paramètre à prendre en compte, celui des discriminations. 84% des personnes qui n’en ont pas subi ont un parcours vaccinal complet, contre 77% chez celles qui ont parfois été dans de telles situations. C’est également le cas de 69% des sondés qui y ont souvent été confrontés. Signes d’espoir néanmoins : la progression de la vaccination entre l’été 2021 et l’automne 2022 a été plus importante parmi les populations les plus défavorisées, ce qui a conduit à réduire les écarts de taux. Parmi les Français qui n’étaient pas encore vaccinés à l’été 2021, 94 % de personnes qui affirmaient avoir l’intention de se faire vacciner ont effectivement reçu au moins une dose de vaccin…alors que c’est également le cas de 53 % de celles qui n’en avaient pas l’intention.