Des vagues de chaleur de plus en plus insupportables. Des catastrophes forçant des populations entières à se déplacer. Des maladies infectieuses favorisées et des épidémies plus fréquentes. Une agriculture qui ne parvient plus nourrir la population et un accès à l’eau compromis. Un air de moins en moins respirable qui entraîne ou favorise maladies respiratoires, cancers, diabètes ou maladies mentales… Partout dans le monde, le réchauffement climatique menace directement la santé des populations.

« La dépendance aux combustibles fossiles n’est pas seulement un acte de vandalisme environnemental. Du point de vue de la santé, il s’agit d’un acte d’autosabotage », plaide donc Tedros Adhanom Ghebreyesus, directeur général de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). Qui insiste : l’impact du changement climatique sur la santé doit occuper «une place centrale dans les négociations» de la COP28, qui s’ouvre jeudi à Dubaï et qui, pour la première fois de l’histoire de ce rendez-vous annuel du climat, accueillera dimanche une Journée de la santé.

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Selon le dernier rapport du GIEC, 3,5 milliards de personnes, soit près de la moitié de l’humanité, vivent dans des zones très vulnérables au changement climatique. Mais aucun être humain n’est véritablement à l’abri et les experts s’attendent à « une augmentation de la mortalité et de la morbidité humaines » directement liées au réchauffement. «Entre 2030 et 2050, le changement climatique devrait causer environ 250.000 décès supplémentaires par an, uniquement dus à la sous-nutrition, au paludisme, à la diarrhée et au stress thermique», estime l’OMS. Elle estime que les coûts directs du réchauffement sur la santé (sans même compter des secteurs importants comme l’agriculture, l’eau et l’accès à l’hygiène) seront d’ici 2030 de 2 à 4 milliards de dollars par an.

Ainsi, les décès liés à la chaleur chez les plus de 65 ans ont augmenté de 70 % dans le monde en vingt ans. Avec un réchauffement de 2°C d’ici 2100, 520 millions de personnes supplémentaires se retrouveraient en insécurité alimentaire modérée ou grave d’ici le milieu du siècle. Près de 99 % de la population mondiale respire déjà un air qui dépasse les limites fixées par l’Organisation mondiale de la Santé, avec selon certains des risques comparables, voire supérieurs à ceux du tabac ou de l’alcool ; chaque année selon l’OMS, 4 millions de personnes décéderaient prématurément à cause de la pollution de l’air extérieur, et 7 millions de la pollution de l’air intérieur. Selon un rapport du Lancet, la transmission de la dengue pourrait bondir de 36% avec un réchauffement planétaire de 2°C d’ici 2100, et le réchauffement des océans sera propice à la transmission de la bactérie responsable du choléra. Sans compter les ravages sur la santé mentale, entre hausse de l’anxiété climatique et effets directs de la pollution et de la chaleur sur le fonctionnement cérébral.

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Les négociateurs de la COP sont donc « responsables du bien-être de notre bien le plus précieux : la santé des populations du monde entier ». Las, constate l’organisation dans un rapport examinant les «contributions déterminées au niveau national», promesses faites par les pays pour atteindre les objectifs mondiaux fixés dans l’Accord de Paris : actuellement, «seuls 2 % du financement de l’adaptation et 0,5 % du financement global de la lutte contre le changement climatique sont actuellement alloués à des projets qui visent explicitement à protéger ou à améliorer la santé humaine ».