En matière de céphalées, les médicaments ne sont pas la panacée : il y a près de 11 millions de migraineux en France et près d’un tiers d’entre eux ne trouvent pas de soulagement dans les molécules qu’on leur propose. Inefficacité, effets secondaires insupportables…, les raisons de ces impasses thérapeutiques sont nombreuses. Martine, elle, a trouvé une issue : l’électrostimulation.

Elle a opté pour le dispositif Cefaly. Une électrode adhésive, placée au niveau du front, est connectée magnétiquement à un casque produisant des micro-impulsions. « En l’appliquant vingt minutes par jour, j’ai réduit le nombre de crises et leur intensité, et je ne prends quasiment plus de médicaments », se réjouit-elle. Une efficacité confirmée par de solides études scientifiques et par le Pr Xavier Moisset, neurologue au CHU de Clermont-Ferrand. « Ce dispositif est effectivement très intéressant. Il ne marche pas chez tous les patients mais, chez ceux qui y sont sensibles, il réduit la fréquence et l’intensité des crises de 30 %, avec quasiment aucun effet secondaire. »

» LIRE AUSSI – Migraines, maux de tête: comment vraiment s’en débarrasser

Son mode d’action est bien documenté. Le bandeau stimule le nerf trijumeau au-dessus des orbites. Il s’agit de stimulation nerveuse transcutanée (TENS), haute fréquence et basse intensité. L’application de ce courant, c’est un peu comme lorsqu’on frotte un endroit où l’on vient de se faire mal. Des informations non douloureuses sont envoyées au cerveau, ce qui a pour effet de fermer l’accès au système de la douleur. C’est l’effet « portillon ». À cela s’ajoute la stimulation de la production de neuromédiateurs antidouleurs, comme les endorphines, qui permettent un effet durable. La facilité d’utilisation est un autre atout de ce dispositif qui peut être acheté sans prescription. Son point faible, c’est son prix : plus de 340 euros non pris en charge par la Sécurité sociale.

Par chance, il existe des alternatives efficaces mais moins onéreuses, selon le Pr Moisset, notamment le casque Qalm. Une autre solution est de privilégier des TENS avec des électrodes mobiles autocollantes reliées à un boîtier. Élaborés initialement pour lutter contre les douleurs neuropathiques, ces dispositifs peuvent être détournés de leur usage pour traiter les migraines. Prescrits par un médecin d’un centre antidouleur, ils sont alors remboursés en partie par l’assurance-maladie. Autre avantage : ils peuvent être utilisés pour d’autres douleurs, les céphalées de tension notamment. Les électrodes doivent alors être appliquées au niveau des cervicales, sur les trapèzes. L’effet est triple avec relâchement musculaire, effet portillon et sécrétion d’endorphines. « Ces appareils fonctionnent bien, mais ils sont plus difficiles à utiliser que les bandeaux d’électrostimulation, précise le Pr Moisset. Au départ, leur usage nécessite d’être accompagné par un médecin ou un kiné compétent. »

» LIRE AUSSI – Comment atténuer les maux de tête liés aux écrans ?

L’algie vasculaire de la face, en revanche, est rarement soulagée par ces TENS antidouleurs. Mais pour certains patients résistants à tous les traitements médicamenteux, il est possible d’avoir recours à une forme d’électrostimulation beaucoup plus extrême et invasive, l’implantation chirurgicale d’électrodes dans le grand occipital. En stimulant ce nerf, on peut calmer ces céphalées terriblement douloureuses. 80 % de la cinquantaine de patients ainsi traités chaque année s’en sont trouvés soulagés.

Déjà commercialisé aux États-Unis, le Nerivio est un dispositif original dans le monde de l’électrostimulation. Avec ce système, qui marche très bien selon le neurologue Xavier Moisset, « on peut casser une crise de migraine en stimulant le bras ». Vous fixez un brassard avec des électrodes sur votre biceps pendant 30 à 45 minutes en début de crise. Une application de votre smartphone déclenche des stimulations excitant des fibres sensitives qui envoient un message inhibiteur au centre cérébral de la douleur. 70 % des utilisateurs seraient ainsi soulagés dans les deux heures.