Novembre, c’est le bon mois pour arrêter de fumer. « 60 % des fumeuses et fumeurs ont envie d’arrêter, mais sont limités par leur peur du manque. La dynamique de défi collectif amoindri cette peur qui devient partagée », explique Justine Avenel, cheffe de projet Mois sans tabac à Santé publique France. Ce dispositif est-il efficace ? Permet-il effectivement à des fumeurs de renoncer à un comportement très délétère pour leur santé ? Oui, affirment Santé publique France et l’OCDE dans un bilan dressé en juin dernier.

Depuis la première édition, près de 1,2 million d’inscriptions au dispositif ont été enregistrées. Santé publique France estime que chaque année, 2,5 à 4,8 % des fumeurs font une tentative d’arrêt d’au moins 24 heures directement attribuable au Mois sans tabac. En outre, ce dispositif aurait augmenté de 21 % le taux d’arrêt tabagique en moyenne sur le dernier trimestre entre 2016 et 2020. Cette opération encourage à l’arrêt du tabac et génère des économies, car avec 12,5 millions d’euros investis par an dans ce dispositif, Santé publique France calcule que « pour chaque euro investi, plus de 7 euros sont économisés sur les dépenses de santé du fait de l’arrêt du tabagisme ».

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Le mois sans tabac opère grâce à deux leviers que sont le défi collectif et le dispositif d’aide. Pour Justine Avenel, « arrêter de fumer pendant 30 jours peut sembler vertigineux pour un fumeur ou une fumeuse ». Le Mois sans tabac offre un espace qui tente de rassurer les candidats à l’abstinence, notamment à l’aide d’un calendrier prodiguant des conseils au jour le jour. Pour le futur abstinent, la période est découpée en 40 jours, avec 10 jours de préparation mentale en octobre avant de se lancer en novembre. La cheffe de projet insiste aussi sur l’accompagnement : « La motivation est importante mais ne fait pas tout, il faut aller chercher de l’aide, notamment auprès de tabac info service ». Le dispositif propose des accompagnements.

À date, 83.497 personnes sont inscrites sur le site pour le mois sans tabac à venir . L’interface met à disposition gratuitement un kit avec une application pour smartphone, une géolocalisation des tabacologues pour consulter, le numéro de téléphone gratuit « 39 89 » et des conseils et zones d’échanges virtuels pour être accompagné. Justine Avenel précise que le dispositif déploie par ailleurs « 18.000 affiches dans les pharmacies, les gares, les galeries marchandes. Une opération spéciale est organisée sur M6 dans l’émission “La France a un incroyable talent”, dont l’humoriste et magicien Éric Antoine est le parrain ».

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L’OCDE a de son côté évalué l’impact des politiques publiques de lutte contre le tabagisme dans les années à venir. Ces simulations montrent que le Mois sans tabac donne des résultats encourageants. Ainsi, en France, à l’horizon 2050, les simulations anticipent que pourront être évités grâce notamment au dispositif Mois sans tabac, 241.000 cas d’infections des voies respiratoires inférieures, 210.000 troubles musculosquelettiques, 44.000 cas de bronchopneumopathies chroniques obstructives et 28.000 cas de cancers. Le dispositif donnerait un total de 107.000 années de vie supplémentaires toutes personnes confondues d’ici 2050. D’autres bénéfices sont prévus avec l’augmentation de l’emploi et la productivité au travail, pour une valeur estimée à 85 millions d’euros par an. Côté économie de santé, la campagne devrait réduire de 94 millions d’euros par an en moyenne les dépenses de santé sur la période 2023-2050. « L’effet de l’opération Mois sans tabac s’amplifiera avec le temps à mesure que le nombre de personnes arrêtant de fumer augmentera », écrit l’OCDE dans son rapport.

Le bilan et les prévisions du mois sans tabac sont donc positifs. Néanmoins, ce dispositif n’est pas le seul dans le plan de lutte contre le tabagisme en France. On y retrouve l’interdiction de fumer dans les lieux publics, l’interdiction des publicités et communications en faveur de la consommation du tabac, la hausse de la taxation des produits du tabac à partir du début des années 2000, le paquet neutre et le remboursement de certains substituts nicotiniques.