Le printemps est là et, avec lui, les prémices du fameux “rhume des foins” qui gêne désormais un Français sur quatre. Nez qui coule, yeux qui démangent, sommeil perturbé : quand la rhinite allergique et ses désagréments s’abattent sur nous, la tentation est grande de changer d’antihistaminiques car le médicament anti-allergie tarde à agir ou ne réagit pas aussi bien que les années précédentes.
Mais cela n’est pas utile, insiste le Pr Annick Barbaud, chef du service d’allergologie et de dermatologie de l’hôpital Tenon à Paris (AP-HP). « Quand un antihistaminique fonctionne sur un patient on ne le change pas : la résistance à un antihistaminique arrivant au cours du temps chez un patient n’a jamais été démontrée scientifiquement», explique-t-elle. Même chose pour les effets indésirables à long terme : «J’ai des patients qui prennent quotidiennement quatre comprimés par jour depuis 15 ans et qui n’ont pas d’effet secondaires», illustre l’allergologue. Il est au contraire recommandé de prendre le traitement chaque jour pendant toute la période où le contact avec l’allergène est possible.
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L’histamine est une molécule naturellement libérée par le corps humain lors d’une infection. Elle favorise l’inflammation en vue d’une meilleure guérison. En cas d’allergie, l’organisme, au contact d’un allergène (un grain de pollen par exemple) croit qu’il est attaqué par un virus ou une bactérie et libère la molécule en trop grande quantité. Comme leur nom l’indique, les antihistaminiques limitent la libération d’histamine ou ses effets par certains globules blancs, les mastocytes.
Parfois, les antihistaminiques réagissent moins bien d’une année à l’autre. Dans les premiers moments de crise allergique aux pollens et après consultation d’un médecin, il est alors possible d’augmenter sa dose d’antihistaminique de deuxième génération (comme la desloratadine ou la cétirizine). Cela n’est en revanche pas possible avec certains antihistaminiques anticholinergiques qui modifient le rythme cardiaque (comme la méquitazine)
Mais avant même l’apparition de ces crises, certains bons réflexes permettent de maximiser les effets du traitement. Premier réflexe à cultiver : «Ne pas attendre les signes de l’allergie pour prendre son antihistaminique en anticipant les périodes allergiques», indique le Pr Annick Barbaud. En effet, si la réaction allergique commence avant la prise des comprimés, des évènements en cascade peuvent intervenir, intensifiant les symptômes. Lors d’une réaction allergique, les muqueuses nasales et la gorge sont inflammées, ce qui facilite l’entrée de virus et facilite aussi de nouvelles allergies à des pollens auxquels on n’était pas sensible jusque-là.
Autres comportements à adopter pour favoriser l’action des antihistaminiques : «Ne pas fumer car cela irrite les muqueuses, et éliminer le plus possible le contact avec le pollen», poursuit l’allergologue. Certains petits gestes du quotidien peuvent aider sur ce dernier point, comme se laver les cheveux tous les soirs en période sensible pour éviter d’avoir des allergènes sur l’oreiller, se laver le nez avec du sérum physiologique (éviter l’eau du robinet et l’eau de mer, non adaptées à la muqueuse nasale). Enfin, « les corticoïdes en spray à injecter dans le nez marchent très bien. Certains patients n’utilisent d’ailleurs que ce médicament », témoigne le Pr Barbaud.
Encore faut-il savoir à quel moment commencer le traitement. Pour cela, le patient doit connaître à la fois les espèces de pollen auxquelles il est sensible et les périodes où ces allergènes sont présents dans l’air. Pour identifier la nature de son allergie, rendez-vous chez l’allergologue, de préférence à la rentrée de septembre, période plus calme en pollens pendant laquelle le patient ne prendra plus d’antihistaminiques. Le médecin proposera des tests cutanés (prick-tests) rapides et peu douloureux.
Après avoir pris connaissance des pollens auxquels il réagit, le patient devra se renseigner sur les périodes de pollinisation de ses allergènes. Le Réseau national de surveillance aérobiologique(RNSA) propose sur son site beaucoup d’informations utiles, notamment une carte de France du risque allergique selon différentes catégories de pollens, mise à jour chaque semaine. L’anticipation est clé. « Si on est allergique au pollen des herbes dont la période est située entre fin avril et mi-août, il faut commencer le traitement mi-avril », insiste Annick Barbaud.