La chapelle de Malodène, dans le Lot, est décorée d’une œuvre dédiée à la mémoire des victimes de la Shoah, signée du peintre Miklos Bokor. Aujourd’hui cette peinture murale unique est la proie d’infiltrations d’eau qui, à terme, pourrait la détruire. Face à ce péril Raphaël Daubet, ancien maire de Martel où se trouve la chapelle et aujourd’hui sénateur (Parti radical), a décidé de prendre les taureaux par les cornes en faisant appel aux pouvoirs publics afin de préserver non seulement cet ancien lieu sacré mais aussi bien sûr la peinture «a fresco» de ce rescapé du camp d’extermination d’Auschwitz, décédé en 2019.
Le sénateur a expliqué à nos confrères de La Dépêche du midi pourquoi la sauvegarde de la peinture murale de Malodène revêtait à ses yeux une valeur hautement symbolique et historique. «Les pouvoirs publics, les fondations et les mécènes doivent se mobiliser pour un acte fort qui consistera à préserver un lieu de mémoire de la Shoah, unique dans le département du Lot», estime-t-il.
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La fresque de Miklos Bokor est d’ores et déjà inscrite à l’inventaire supplémentaire des Monuments historiques mais elle pourrait être endommagée par des infiltrations d’eau consécutives au mauvais état de la chapelle de Malodène, un lieu dont la construction remonte au XIIIe siècle. L’édifice, vendu en tant que bien national à la Révolution, avait été racheté par l’artiste en 1997. Il est le dernier vestige du prieuré de Maradénou qui suivait la règle de Saint-Augustin.
Quelques images de la fresque de Miklos Bokor
La solution la plus simple pour sauver cette fresque mémorielle aurait été que la mairie de Martel puisse racheter la chapelle. Mais elle n’en a pas les moyens. Pour Raphaël Daubet, il faut cependant tout faire pour la préserver, elle, et l’œuvre unique dédiée à la mémoire de l’Holocauste qu’elle contient: «Face à la poussée d’antisémitisme qui déchire notre pays, face au retour terrifiant des guerres de religion ailleurs dans le monde, l’œuvre de Miklos Bokor, plus que jamais, doit devenir un symbole. La preuve tangible que notre terre historique du Lot porte elle aussi à jamais, dans sa chair, le tatouage funeste de la Shoah».
Tout espoir n’est cependant pas perdu puisqu’un collectif mené l’écrivain Charles Soubeyran, une figure de la région, a décidé de s’emparer du problème. Raphaël Daubet va tout faire pour appuyer leurs démarches auprès des mécènes et des pouvoirs publics. Et il a d’ores et déjà une idée bien précise en tête pour les aider à convaincre leurs futurs interlocuteurs: «La chapelle et sa fresque historique doivent demeurer un sanctuaire. Mais une salle dédiée à Miklos Bokor pourrait facilement être créée, demain, dans le Musée de la Raymondie, pour projeter des images de la fresque inouïe qu’elle abrite.»