La Cour de cassation a rejeté mardi le pourvoi de l’ancien président-directeur du Louvre Jean-Luc Martinez, qui conteste sa mise en examen dans l’enquête en plusieurs volets sur un vaste trafic d’antiquités, selon un arrêt consulté mercredi par l’AFP. La plus haute juridiction de l’ordre judiciaire français a écarté l’ensemble des moyens soulevés. Jean-Luc Martinez, 59 ans, qui a dirigé le Louvre de 2013 à 2021, soutenait notamment qu’il n’existait pas d’indices graves et concordants justifiant sa mise en examen et que sa garde à vue était irrégulière. Il contestait ainsi la décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris qui avait rejeté en février sa requête en nullité. Son avocat n’a pas souhaité s’exprimer.

L’ancien cadre de l’Agence France Museums, Jean-François Charnier, également mis en examen depuis 2022, avait aussi formé un pourvoi. Dans sa décision, la Cour de cassation demande à la chambre de l’instruction de réexaminer la régularité de sa garde à vue. «Jean-François Charnier se réjouit de cette décision (…) qui devrait aboutir à l’annulation de sa mise en examen», a avancé son avocate, Me Corinne Hershkovitch.

L’ancien président-directeur du Louvre est mis en examen depuis mai 2022, notamment pour complicité d’escroquerie en bande organisée. Il lui est reproché d’avoir, en 2016, «fait modifier un rapport sur la provenance d’une stèle de Toutankhamon», vendue 8,5 millions d’euros au musée du Louvre Abu Dhabi, et d’avoir «facilité la justification mensongère de l’origine» de cette œuvre et de six autres pièces égyptiennes. Jean-Luc Martinez est soupçonné d’avoir ignoré les alertes sur les soupçons de faux certificats d’origine de ces objets. «Je souhaite convaincre que je n’ai eu aucune connaissance de ces alertes et de faux documents, et du reste ce n’était pas mon rôle», a-t-il déclaré au printemps devant la juge d’instruction.

Les années précédant l’inauguration du Louvre Abou Dhabi en 2017, «la pression que je ressentais c’était pour la réussite architecturale et la qualité des prêts et des expositions françaises», ajoutait-il, écartant toute pression de la part des autorités émiraties ou politiques en France.

L’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels (OCBC), chargé des investigations, cherche à déterminer les responsabilités dans la vente de centaines d’antiquités issues de pillages dans des pays du Proche et du Moyen-Orient rendus instables par les Printemps arabes. Dans cette information judiciaire, au moins neuf personnes sont mises en examen.