Dylan Leblanc, 33 ans, est né à Shreveport, en Louisiane. Une ville et une région sis à l’épicentre de la musique américaine, en plein milieu du chaudron qui a vu s’épanouir le folk, le blues, la country et le rhythm and blues des origines. C’est comme s’il était né au centre du monde. Il a grandi auprès d’un père musicien dans la ville de Muscle Shoals (Alabama), qui abrite non pas un mais deux des plus grands studios d’Amérique. C’est dans le premier d’entre eux, Fame, qu’il a enregistré son quatrième album, Coyote. Presque un concept-album, en tout un cas un cycle de chansons qui racontent l’histoire de Coyote, un marginal qui vit dans les bas-fonds et essaye de s’en sortir. Une affaire de rédemption qui tournerait bien ou mal, Leblanc laisse l’auditeur décider.

La qualité des compositions du trentenaire n’a jamais été aussi bonne que sur ce disque sur lequel le songwriter se surpasse. On est accroché au récit de cet outcast, au fil de chansons qui empruntent le meilleur à un folk-rock hérité de celui des pionniers. On pense souvent à Neil Young pour ce chant intime et cette faculté à dessiner des destins hors du commun. Coyote marque la première incursion de son auteur dans la production. Avec ses climats soignés, et ses textures amples (beaux arrangements de cordes), le décor est superbe. Batterie, basse, piano et guitares panoramiques complètent ce paysage avec beaucoup de grâce. Dylan Leblanc, assurément à suivre, signe ici la plus grande réussite de sa jeune carrière

Coyote (Enregistrements ATO/Fargo)

En 1978, Bob Dylan entame ce qui est seulement sa deuxième tournée mondiale, douze ans après la première, qui avait scandalisé les garants d’un folk académique. Celle-ci démarre au Japon, à Tokyo, sur la scène du légendaire Budokan de Tokyo. Pour la première fois, le musicien se présente avec un groupe élargi à huit musiciens et trois choristes afro-américaines. Deux ans à peine après l’ambiance bohème de la Rolling Thunder Review, c’en est trop pour les fans, qui crient au scandale et reprochent à Dylan de se croire à Las Vegas. On sent que la star prend un malin plaisir à déstabiliser le public et les critiques avec certains arrangements par trop chargés de ses chansons les plus emblématiques.

Pour la première fois, et quarante-cinq ans après la sortie de l’album live si controversé, Columbia diffuse deux concerts enregistrés devant le public japonais. Soit 58 chansons, dont 36 sont inédites. On reste circonspect devant certains choix, comme ces chorus de saxophone et de guitare un peu dégoulinants (et cette flûte!), et l’atmosphère très professionnelle de ces concerts, mais on mesure déjà l’ampleur du répertoire de Dylan et sa faculté à être tordu dans tous les sens. À partir de là, le futur prix Nobel s’amusera à accommoder ces chansons à toutes les sauces, avec des réussites diverses. Mais il est indéniable que cette série de concerts marque un tournant dans la carrière de Dylan, qui consacrera la phase suivante de celle-ci à se consacrer à la musique religieuse.

The Complete Budokan 1978, un coffret 4 Cd (Legacy/Sony Music)