Elle joue du Tchaïkovski, tout comme elle reprend le thème de la saga Hunger Games : la violoniste Esther Abrami veut transmettre son amour de la musique classique à la jeune génération, en la partageant sur les réseaux sociaux et en réinterprétant des tubes de cinéma. «C’est ma passion. La musique classique, j’adore ça», confie à l’AFP la musicienne de 27 ans. Elle dit aimer «la vibration» de son violon, «le fait qu’on soit si proches», qu’il «soit collé à la gorge».
Petite, elle avait même «vraiment l’impression que c’était (sa) voix qui passait à travers l’instrument». C’est sa grand-mère, violoniste elle-même, qui l’a initiée quand elle avait trois ans. Elle prend ses premiers cours vers 9-10 ans et tombe «amoureuse de l’instrument» et dit avoir «voulu faire ça pour la vie».
Elle commence par le Conservatoire d’Aix-en-Provence, avant la Chetham’s School of music de Manchester, le Royal College of music de Londres et, enfin, le Conservatoire de Birmingham… Beaucoup d’études, durant lesquelles elle se rend toutefois compte à quel point le monde de la musique classique peut être «impressionnant», élitiste et «fermé».
«C’est extrêmement triste de se dire que, peut-être», la musique classique «peut ne plus être écoutée par la jeune génération», qu’elle «peut mourir avec une génération en train de vieillir», déplore la violoniste, yeux noirs, teint pâle et longs cheveux noirs. «Alors qu’il suffit de la rendre un peu plus actuelle», enchaîne-t-elle.
Malgré «pas mal de jugements et de critiques», elle décide en 2016 de se lancer sur les réseaux sociaux. Sur TikTok, certaines vidéos ont été vues 4 millions de fois et la montrent jouant et demandant à ses plus de 400.000 abonnés de deviner son morceau, ou bien en concert ou en train d’enregistrer son dernier album. «La réaction des gens a été extrêmement positive», raconte-t-elle, «j’ai gagné beaucoup de followers» et «formé une communauté sur plein de réseaux» (Esther compte près de 300.000 abonnés sur Instagram.
Esther Abrami a aussi eu envie de «créer des ponts» en enregistrant des musiques de films ou de séries «que tout le monde connaît». «C’est de la musique orchestrale, c’est écrit comme de la musique classique».
D’où l’album Cinéma, sorti en septembre et qu’elle présente en tournée, dont une représentation le 24 janvier Salle Gaveau à Paris. On y trouve une adaptation des tubes de la série The Witcher ou de longs-métrages tels Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain, Les choristes, In the mood for love ou Hunger Games. «J’aimerais vraiment que tout le monde puisse écouter de la musique classique comme on écoute du rap, de la pop ou du rock. Que ce soit dans vos playlists !», dit-elle.
Ce qui lui tient aussi à cœur : faire découvrir des compositrices. À la fin de ses 15 ans d’études musicales, elle réalise qu’en dépit de nombreux musiciens étudiés, «on ne m’a jamais appris l’histoire d’une femme, jamais».
«Je veux changer ça, à mon échelle», s’enthousiasme la jeune femme, qui a fait découvrir, dans un court album (Spotlight, 2022), les compositrices américaines Amy Beach et britannique Angela Morley. Elle souhaite également multiplier les collaborations avec Rachel Portman, première femme à avoir reçu un Oscar pour sa musique en 1997.