On dirait qu’elles se sont habillées pour le carnaval de Venise. Maquillées comme des danseuses du Crazy Horse, en tenues magnifiquement extravagantes, verte, rose, chantilly ou rouge et noir signées Manish Arora, Flore Philis, Marie Menand, Alexandra Hewson et Marie-Laure Coenjaerts sont de retour avec D.I.V.A, opus 2.

Amateurs d’opéras et néophytes sont conquis par leur interprétation de morceaux célèbres, ou pas : Les Noces de Figaro (Mozart), Faust (Gounod), Rigoletto (Verdi), Lucie de Lammermoor (Gaetano Donizetti) et La Vie parisienne (Offenbach). « Et pif, et paf, et pif, et paf ! Oui, voilà la vie parisienne », chantent les quatre cantatrices, accompagnées par un quatuor à cordes, également 100% féminin (Alice Bourlier, Albane Genat, Andreï Malakhov et Mathilde Sternat).

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Sous les angelots de La Nouvelle Ève, à Paris, devant les rideaux bleu scintillant du plateau, chacune présente un air d’opéra de façon décalée avant de l’interpréter en une dizaine de minutes. Postiches de Christophe Mecca en équilibre sur la tête, les artistes prennent la pose devant ou derrière des cadres de tableaux qui s’ouvrent ou se ferment à l’aide de rideaux dorés. Elles enchaînent les histoires d’amour contrariées, « drames et comédies, allant tant bien que mal ». Se dissimulant derrière un masque ou des plumes, divas hautes en couleur et en voix se trémoussent, minaudent ou rabrouent leur prétendant. Attention, parmi eux, se cache un pervers narcissique !

À la mise en scène, Manon Savary signe une soirée en forme de music-hall. Jeux de lumières et paillettes contribuent à la fête. La jeune femme a de qui tenir. Elle est la fille cadette de Mona Heftre et de Jérôme Savary, fondateur du Grand Magic Circus. Le compositeur Stéphane Gassot lui apporte son concours pour la transcription musicale. Attention, on s’amuse et on rit – les divas malicieuses plaisantent, s’incrustent dans la salle et jouent avec leurs fans -, mais la performance est là. Ces chanteuses sont des virtuoses qui ont l’art de transmettre leur passion pour un genre réputé difficile.

Elles s’étaient déjà illustrées en 2017 au Théâtre Montparnasse et pourraient se produire au Palais Garnier tant elles sont talentueuses. Quelque 80.000 spectateurs avaient succombé à leur charme. C’est la mezzo soprano Marie Menand qui a créé D.I.V.A avec Flore Philis, soprano colorature, repérée dans le rôle de la Reine de la nuit de Mozart. À l’origine, elles souhaitaient rendre l’opéra accessible au plus grand nombre. Objectif largement atteint. Elles donnent envie de découvrir ou redécouvrir les opéras intégralement. Malgré le froid qui régnait ce soir-là à La Nouvelle Ève, elles ont réchauffé les cœurs. Parfait pour les fêtes de fin d’année.

D.I.V.A., à La Nouvelle Ève (Paris 9e), jusqu’au 31 décembre. Tél. : 01 48 74 69 25 ou www.lanouvelleeveparis.com