«Comment ont-ils osé faire ça ?», a lancé Robert De Niro, stupéfait. Présent à New York lundi pour la 33e édition des Gotham Awards, l’acteur de 80 ans a fait part de son agacement lorsqu’il a découvert, une fois sur scène, qu’un passage de son texte avait été censuré sur les prompteurs. «Le début de mon discours a été modifié, coupé. Je ne le savais pas et je veux le lire», explique l’acteur américain, avant de sortir son téléphone et d’imposer, comme peu peuvent se le permettre, son texte in extenso. Invité d’honneur pour son dernier rôle dans Killers of The Flower Moon de Martin Scorsese, Robert de Niro a donc profité de cette tribune pour adresser un message très engagé contre la désinformation, notamment au sujet des premières nations d’Amérique (au cœur du dernier film de Martin Scorsese).
«L’Histoire n’est plus de l’histoire. La vérité n’est plus vérité. Même les faits sont remplacés par des faits alternatifs, guidés par des théories complotistes et laides. (…) L’industrie n’est pas épargnée par ce poison. “The Duke”, John Wayne, a dit cette célèbre phrase au sujet des Indiens d’Amérique : “Je ne crois pas que nous ayons eu tort de leur prendre ce grand pays. De nombreuses personnes avaient besoin de nouvelles terres et les Indiens ont tenté égoïstement de les garder pour eux”».
Cette parenthèse contre la désinformation lui a permis de glisser quelques mots au sujet d’un maître en la matière, l’ancien président américain Donald Trump, que Robert de Niro est loin de porter dans son cœur. «Le mensonge est devenu un nouvel outil dans l’arsenal des charlatans. L’ancien président nous a menti près de 30.000 fois en quatre ans de mandat et continue à le faire dans sa campagne de revanche. Mais avec tous ses mensonges, il ne peut pas cacher son âme. Il attaque les faibles, détruit les cadeaux de la nature, et fait preuve d’irrespect en utilisant, par exemple, Pocahontas comme une insulte».
«Voilà où j’en étais avant de voir qu’ils (les producteurs, Apple, ndlr) avaient coupé tout cela», a expliqué Robert de Niro sous les applaudissements de la salle, avant de reprendre, contrarié, la suite de son discours. «Je vais remercier Apple, Gotham, blah blah blah. Mais je n’ai pas envie de les remercier après ce qu’ils ont fait. Comment ont-ils osé ?».
La cérémonie des Gotham Awards a notamment couronné le cinéma français avec le Gotham du Meilleur Film International et le Gotham du meilleur Scénario pour Anatomie d’une Chute de Justine Triet.