Pression artérielle en hausse: consommeriez-vous trop de sel ? L’OMS recommande aux adultes de ne pas consommer plus de 5 g de sel par jour, et 2 g pour les enfants. Mais «en France, les femmes consomment en moyenne 7 g de sel par jour et les hommes 10 g», rapporte le Dr Hélène Lelong, médecin généraliste à l’hôpital de l’hôtel-Dieu à Paris et experte de l’hypertensiologie. La consommation trop importante de sel entraîne une rétention d’eau, qui peut conduire à une hypertension artérielle (ou HTA) et provoquer des maladies cardiovasculaires. Mais il manquait des études d’impact d’une baisse de la consommation chez les patients traités contre l’HTA. Une étude américaine menée chez des adultes de plus de 50 ans le confirme: consommer moins de sel fait baisser la tension artérielle, qu’on soit ou non traité pour une HTA.

L’expérience de deux semaines, publiée dans le Jama a été réalisée auprès de 212 personnes de 50 à 75 ans entre avril 2021 et février 2023 dans deux villes des États-Unis. Chaque semaine, un régime alimentaire particulier était donné aux participants, soit fort en sel (5,6g par jour en plus de leur régime habituel) soit pauvre en sel (1,3g par jour au total). Pour le Dr Hélène Lelong, «le régime fort en sel correspond au régime des adolescents friands des chips». Néanmoins ce protocole est questionné par le médecin, car dans le régime appauvri en sel «on en a donné moins qu’aux insuffisants cardiaques soumis à un régime sans sel. Je n’ai jamais vu une dose aussi faible, le protocole est difficile à tenir pendant une semaine pour les participants de l’étude comme en témoignent les taux urinaires mesurés», précisant que «la quantité de 3g de sel par jour correspond à la consommation de l’humain chasseur-cueilleur», loin de notre alimentation actuelle. Le régime faible en sel de l’étude a-t-il bien été rigoureusement suivi par les patients, s’interroge le Dr Hélène Lelong?

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Les résultats portent sur les mesures de paramètres cardiovasculaires comme la pression systolique cardiaque (au moment de la contraction du cœur) et la pression diastolique (au moment du relâchement cardiaque), mesurées à l’entrée en protocole et à la fin de chaque semaine de l’expérience. «Nous avons constaté que 70 à 75% de toutes les personnes, qu’elles prennent déjà ou non des médicaments contre l’hypertension, sont susceptibles de constater une réduction de leur tension artérielle si elles diminuent la teneur en sodium de leur alimentation», a déclaré dans un communiqué l’un des auteurs de l’étude, Norrina Allen.

En moyenne, la pression artérielle systolique est diminuée de 6 mm de mercure (mmHg) au cours d’un régime pauvre en sel comparé à un régime habituel. Par rapport à un régime fort en sel, la baisse est de 7 à 8 mm Hg. C’est loin d’être négligeable: le Dr Hélène Lelong met cela en regard avec «une baisse de 8 à 10 mmHg de la pression systolique pour une personne atteinte d’HTA traitées par des médicaments. Néanmoins, cela ne signifie pas pour autant qu’il faut arrêter son traitement antihypertenseur, mais l’associer à une alimentation équilibrée en sel». Et rapportés à la population, ces quelques millimètres de mercure correspondent à «des milliers d’évènements cardiovasculaires en moins. Donc c’est intéressant» affirme le Dr Hélène Lelong. Pour l’OMS, réduire de 15% la consommation de sel éviterait à 8,5 millions de décès prématurés en 10 ans dans les pays aux revenus faibles et intermédiaires de l’UE.

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Selon l’assurance maladie, «en cabinet médical (…) pour être considérée comme normale, la pression artérielle systolique doit être comprise entre 130 et 139 mmHg (millimètres de mercure) et la pression diastolique doit être inférieure à 90 mmHg. Mais les contrôles peuvent également être faits au domicile par automesure tensionnelle ou par mesure ambulatoire de la pression artérielle, et la tension artérielle doit être inférieure à 135/85 mmHg». Dans une publication de 2017, l’Inserm précise que l’hypertension artérielle (ou HTA) est la 1re cause d’AVC en France; un adulte sur 3 est concerné par cette pathologie, mais seule la moitié le sait. Enfin, 10 à 30 % des hypertendus sont résistants aux traitements disponibles. Cette maladie chronique, la plus fréquente en France, est généralement silencieuse, mais l’HTA non contrôlée elle est une des principales causes de pathologies cardiovasculaires (comme l’infarctus du myocarde), cérébrovasculaires (comme un AVC) et neurovégétatives (comme la maladie d’Alzheimer).

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L’OMS Europe indique que «les États membres ont convenu de réduire de 30% la consommation de sel d’ici à 2025 en tant qu’intervention prioritaire pour lutter contre les maladies non transmissibles». En France notamment, «cette réduction permettrait de réaliser des économies dans les pays à revenus élevés», rapporte l’OMS en précisant que «la consommation élevée de sel est l’une des principales causes de décès dans la Région européenne de l’OMS». Comment adapter son alimentation ? «On peut apprendre à lire les étiquettes, mais cela est complexe. Ce que je dis à mes patients, c’est que la salière est rarement en cause, sauf si on se sert beaucoup de bouillon. Si on peut se faire à manger soi-même avec des légumes frais ou surgelés, c’est mieux, car dans les conserves il y a un peu de sel. Quand on consomme des plats préparés, il faut utiliser le Nutri-Score. La composition en sel est prise en compte, il faut donc privilégier les Nutri-Score notés vers le haut (A).»