Paris monte au créneau pour lutter contre les pénuries de médicaments en Europe. Dans un entretien à La Tribune dimanche, Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie, dévoile la création d’une «Alliance européenne du médicament». Cette initiative, qui sera officialisée le 24 avril 2024, fonctionnera «sur le modèle de celle sur les batteries». «L’idée est de concerter tous les acteurs, industriels, États membres, associations de patients – pour éviter les pénuries», détaille le ministre. Cette initiative intervient cinq mois après l’annonce d’un plan européen contre les pénuries. Les ruptures, notamment d’antibiotiques, se sont multipliées en Europe ces derniers hivers.
Parmi les mesures envisagées, l’utilisation de la commande publique «pour sécuriser nos approvisionnements et la coordination des efforts de relocalisation des États-membres», selon le cabinet de Roland Lescure. Tel pays pourrait produire le principe actif d’un médicament prioritaire, tel autre le produit fini.
L’occasion pour le ministre de rappeler l’engagement de la France: depuis trois ans, l’État a investi près de 1 milliard d’euros pour soutenir la production et la relocalisation de médicaments critiques. Plus récemment, 50 millions ont été injectés en vue de rapatrier 25 médicaments prioritaires. Pas question pour autant de «donner un chèque en blanc» aux labos, prévient Roland Lescure. Ils devront s’engager à «poursuivre leur activité en France». Pierre Fabre vient ainsi relocaliser en Occitanie la production d’un traitement contre le mélanome, jusque-là produit en Allemagne. Un autre laboratoire français, Ipsen, a relocalisé dans le Var la production d’un médicament contre le cancer du pancréas. La fabrication de curare, qui avait fait défaut pendant le Covid, ainsi que celle d’amoxicilline, sont aussi en cours de relocalisation.