«S’exhorta (…) exsudait (…) crocs-en-jambe», Agnès Martin-Lugand n’a pas manqué d’imagination pour ajouter quelques difficultés aux textes qu’elle avait préparé spécialement pour la Grande dictée des jeux, organisée 12 avril à l’occasion du Festival du livre de Paris.

Sous un ciel bleu et une chaleur encore assez discrète, amateurs, écrivains et «dicopathes» avaient rendez-vous au Champ-de-Mars pour tester leur niveau en langue française ou juste pour passer un moment convivial. Les 800 chaises se sont remplies au 3/4 pour la première dictée qui avait lieu à 14 heures. Parfois retardées par les aléas du direct – France Télévision captait l’événement pour l’émission «La grande librairie» – les premières lignes ont été dictées vers 15 heures par la romancière.

L’exercice n’est pas noté mais les participants le prennent très au sérieux. Du genre, appliqués, avant la langue un peu sortante, sur le côté. Après une lecture d’une vingtaine de minutes, le journaliste et écrivain Rachid Santaki a pris le relais pour une seconde lecture. Pas de surveillants comme à l’école, les organisateurs ont misé sur la discipline des participants.

À l’issue de la dernière lecture, le texte corrigé a été projeté sur l’écran géant. Réjouissance pour les bons élèves, stupeur pour d’autres qui découvrent leurs erreurs. «J’ai entendu quelqu’un dire qu’il avait fait 27 fautes», s’amuse Agnès Martin-Lugand. Lorsque le présentateur de «La grande librairie», Augustin Trapenard, demande au public si certains ont fait le sans-faute, une petite dizaine de mains se lèvent dans le public. «Qui a fait cinq fautes ?». Une plus grande partie du public lève la main. «La dictée était un peu compliquée. Il y a des mots qui paraissent simples et finalement on se rend compte qu’on ne sait pas comment les écrire», avoue Lina, 16 ans. Ingrid et Clara, 28 et 30 ans, sont quant à elle dans la moyenne : «Six fautes». «Je ne pensais pas en avoir fait autant», regrette tout de même la plus âgée des deux participantes.

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«Il faut que l’orthographe devienne jeu et un sport. Plus on écrit, plus on lit, plus on apprend et ça finit par rentrer dans notre esprit», explique Agnès Martin-Lugand. La dimension sportive était aussi au cœur de l’événement. À cent jours des Jeux, les textes s’inspiraient de la devise olympique créée par Pierre de Coubertin : «Plus vite, plus haut, plus fort». L’athlète paralympique Théo Curin, double médaillé d’argent en natation au championnat du monde handisport en 2017, a d’ailleurs fait une brève apparition pour chauffer le public.

Lors de la deuxième dictée, préparée par David Foenkinos, l’ancienne ministre de la Culture Rima Abdul Malak a pris place parmi les participants. Celle qui avait soutenu cette initiative lorsqu’elle était en place rue de Valois, se réjouit de voir ce «mélange de génération» participer à cet événement. «Il faut redonner l’envie de lire et d’écrire. Dans un moment où nous passons tous trop de temps sur les écrans, c’est important de pouvoir encore entrer dans un texte», affirme-t-elle. Quant à sa note, l’ancienne ministre s’avoue déjà vaincue : «Je suis certaines que je vais faire des fautes.»

L’important était surtout de prendre du plaisir. La Grande dictée des Jeux a décerné à tous les participants une médaille couleur or, sésame pour entrer gratuitement au Festival du livre de Paris qui se tient jusqu’à dimanche.