Chantre de la sexualité positive pour son million d’abonnés des réseaux sociaux, aspirante façonneuse de la langue française, Camille Aumont Carnel propose dans son deuxième ouvrage, paru jeudi, un lexique cru des Mots du Q.
Avec ce livre publié aux éditions Le Robert, la jeune femme de 26 ans fait le choix de «travailler avec l’institutionnel» pour partir en croisade contre ce qu’elle décrit comme «la violence linguistique» du français, dit-elle à l’AFP. «Ça commence par “le masculin l’emporte sur le féminin” quand on a six ans et, de là, naissent tout un tas d’autres violences», argumente-t-elle. La militante de la «quatrième vague du féminisme» s’engage alors dans un travail de la langue destiné à décrypter «les expressions problématiques» et proposer «les mots qui manquent» pour dédramatiser le rapport à la sexualité.
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Plutôt que de n’en avoir «rien à foutre», Camille Aumont Carnel propose de n’en avoir «rien à mouiller». Elle parle de «désert libidoïen», de «gaule surprise», et dénonce des expressions comme «perdre sa virginité», qu’elle estime patriarcale. «Sur les cent expressions que je propose, s’il y en a deux qui restent et qui commencent à exister dans la société, c’est déjà un pari qui est réussi», estime celle qui se décrit comme «une leadeuse d’opinion qui a de l’influence».
Sa page Instagram @jemenbatsleclito, née il y a cinq ans d’une «pulsion viscérale» de bousculer les mentalités, fait à la fois office de journal intime et d’exutoire des questionnements sur la sexualité. Elle est désormais suivie par près de 678.000 abonnés. Via des post likés des dizaines de milliers de fois, Camille Aumont Carnel partage avec humour et sans détour son intimité: «Je me suis regardée dans un miroir pendant un orgasme, même le mur a explosé de rire» ou encore «Liberté, Egalité, Vibro chargé». «“Je m’en bats le clito”, c’est un cri de guerre qui veut dire: moi aussi j’existe», définit-elle. «Dans une société dans laquelle tout est rapport de force et de domination, il faut imposer».
Diplômée de la prestigieuse formation en gastronomie de l’Ecole Ferrandi, l’ex apprentie cheffe use aussi de sa plateforme pour dénoncer le sexisme en cuisine. Avec @jedisnonchef, un autre de ses comptes Instagram, elle relaie à plusieurs dizaines de milliers de personnes les témoignages de victimes d’un milieu qui laisse, selon elle, «beaucoup d’espace aux violences, harcèlements et abus sexuels». «Icône féministe» contemporaine, selon son éditeur, sa success story digitale la propulse au classement 2022 des 30 personnalités de moins de 30 ans les plus influentes de France, selon le magazine Forbes.
Pas étonnant pour Camille Aumont Carnel, à qui on répète depuis le plus jeune âge: «quoi que tu fasses, tu vas cartonner». «On m’a donné une confiance en moi indéniable, presque indestructible», affirme la jeune femme dans un hommage à ses parents, un couple franco-libanais qui l’a adoptée au Niger quand elle avait deux mois. Acharnée de travail, le succès de la jeune femme se lit dans sa présence médiatique et un agenda rythmé par son mode de vie effréné. «Je dors 4h par nuit», plaisante celle qui est insomniaque depuis l’enfance.
Après quatre comptes Instagram à succès, des productions audiovisuelles et deux livres (également