Au regard de «la situation tragique actuelle» – en référence l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre -, l’Institut du monde arabe (IMA), à Paris, annule une série de conférences et de manifestations prévues dans le cadre de sa programmation Ce que la Palestine apporte au monde. «Par respect pour les victimes et pour des raisons logistiques, nous reportons ces événements à la clôture de la “saison Palestine”, c’est-à-dire au 19 novembre », rapporte l’Institut. Parmi les difficultés rencontrées, l’IMA explique notamment que des artistes attendus sont aujourd’hui dans l’impossibilité de quitter la Palestine.

Cette «saison Palestine» en cours se compose de trois expositions et s’organise autour de rendez-vous culturels. Comme précisé lors de son vernissage en juin, cette programmation marque le 75e anniversaire de la «Nakba». Ce terme, signifiant «catastrophe» en arabe, renvoie à l’expression utilisée par les Palestiniens pour désigner la création de l’État d’Israël en 1948.

Un choix politique de la part de l’IMA? «L’objectif était d’interroger le sens de ce mot, de confronter ses diverses interprétations avec différents intellectuels palestiniens et israéliens», explique aujourd’hui l’Institut. Depuis samedi, cependant, une évidence s’est fait jour. Impossible de débattre de la possibilité – ou non- d’une coexistence entre les deux peuples sur une même terre, soixante-quinze ans après la création d’Israël. Un débat organisé sur ce thème le 12 octobre, en présence d’Elias Sanbar, diplomate et ambassadeur de Palestine à l’Unesco, a été reporté, tout comme le colloque sur «la relation entre l’écrivain Jean Genet et le peuple palestinien» et la soirée dédiée à la scène électronique palestinienne ce week-end.

L’IMA, fondation de droit privé présidée par Jack Lang, a pour objectif de «promouvoir le dialogue entre le monde arabe et l’Occident» et bénéficie de financements de la part des pays de la Ligue Arabe (dont fait partie la Palestine, le Koweït, le Qatar ou encore l’Arabie saoudite). Il est placé sous la tutelle du Quai d’Orsay.

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Depuis son inauguration en 1987, l’Institut s’est déjà trouvé au centre de polémiques. En 2021, l’exposition Juifs d’Orients avait suscité de vives réactions dans le monde arabe. Dans une lettre ouverte destinée à l’institution, près de 200 intellectuels du Maghreb et du Machrek, dont le musicien tunisien Anouar Brahem et le cinéaste palestinien Elia Suleiman, reprochaient à l’Institut de représenter Israël «comme un État normal».

À l’heure de l’attaque du Hamas contre Israël et des représailles israéliennes, l’IMA joue les équilibristes : «Nous sommes souvent décriés de la part des deux parties et cela démontre que nous sommes dans une forme d’équilibre», affirme l’entourage de Jack Lang.

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Depuis le 9 octobre, l’Union européenne a suspendu tous les paiements de son aide au développement – élevé à 691 millions d’euros – en faveur des Palestiniens et a décidé de réévaluer l’ensemble de ses programmes en cours. De son côté, la France, qui a soutenu la cause palestinienne à hauteur de 95 millions d’euros en 2022, n’est pas en faveur de la suspension de ces aides.