«On s’est connu, on s’est reconnu, on s’est perdu de vue, on s’est r’perdu d’vue…» Il restera pour toujours Jim, l’amant français de Jeanne Moreau, dans Jules et Jim de François Truffaut. Henri Serre est mort le 9 octobre dans l’Aveyron, où il vivait dans sa maison de Saint-Jean-de-Bruel depuis des années. Il avait 92 ans.
Cette artiste aux multiples talents commença sa carrière dans les cabarets parisiens de la Rive gauche où il formait alors un duo de chansonniers avec son complice de scène Jean-Pierre Suc (1927 – 1960). Interprète parfait de la Nouvelle Vague aux yeux de François Truffaut, il travailla trois fois sous sa direction, dans Tire-au-flanc 62 (1961), bien sûr dans le fameux «tourbillon de la vie» immortalisé par la chanson de Rezvani, Jules et Jim (1962) et enfin Antoine et Colette (1962), où sa voix servit la narration de l’histoire.
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Jules et Jim de François Truffaut en 1962, avec Jeanne Moreau, Oskar Werner, Henri Serre…
Henri Serre est né le 26 février 1931 à Sète. Les anthologies de cinéma se souviendront qu’il a commencé sa carrière en 1953 dans Femmes de Paris, de Jean Boyer, où il tient un petit rôle. Le destin frappe à sa porte en 1961 lorsque Truffaut lui confie le personnage de sa vie, le Français Jim, dans le cultissime Jules et Jim. Il y joue l’amant de Jeanne Moreau, alors qu’Oskar Werner campe Jules, son mari. L’indécision amoureuse de l’héroïne donnera tout son sel à ce beau long-métrage. Quelques mois auparavant, dans Le Combat dans l’île d’Alain Cavalier, Henri Serre partageait l’affiche avec deux autres légendes du septième art, Romy Schneider et Jean-Louis Trintignant.
Comédien à la forte personnalité, Henri Serre travaillera, durant une carrière cinématographie qui ne s’arrêta qu’en 1990, avec des réalisateurs de tous les genres. On le retrouve ainsi au générique du sublime Feu Follet (1963) de Louis Malle, de Fantômas contre Scotland Yard (1967) d’André Hunebelle, d’Atout cœur à Tokyo pour OSS 117 (1966) de Michel Boisrond et de Section spéciale (1975) de Costa-Gavras.