Un «bras de fer» s’est engagé entre la direction du Centre Pompidou, grand musée d’art moderne à Paris en grève depuis le début de la semaine, et son personnel, inquiet pour son avenir avant la fermeture de l’établissement pour cinq ans à compter de 2025. Des bannières syndicales ont investi le hall de l’établissement, où une grande affiche stipule en français et en anglais: «En grève», selon des photos publiées par des grévistes et la CGT sur les réseaux sociaux. Le préavis court sur un mois, reconductible. Une nouvelle assemblée générale du personnel est prévue lundi, selon les syndicats, et l’ouverture du musée ce week-end dépendra du nombre de grévistes déclarés, selon la direction. L’établissement, qui abrite aussi une bibliothèque et nombre d’espaces de médiation, a été fermé lundi, jeudi et vendredi (mardi étant le jour habituel de fermeture des musées). Il a pu être ouvert au public mercredi, même si certains membres du personnel étaient en grève. Ils étaient 200 (sur 1000 agents employés par le Centre Pompidou) lundi, au premier jour du mouvement social, selon la direction. Celle-ci a également précisé qu’une grande soirée privatisée baptisée «Artklub», animée par des DJ et des performeurs, avait dû être annulée vendredi 20 octobre.

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Le personnel a voté ce même jour la reconduction de la grève, faute d’avoir obtenu des réponses satisfaisantes quant au maintien des postes, des missions et des salaires, notamment, au terme de la fermeture progressive pour d’importants travaux de désamiantage et de rénovation entre 2025 et 2030, selon Nathalie Ramos, de la CGT Culture. «Nous sommes dans un bras de fer. Il y a des points de désaccord, mais nous souhaitons en sortir le plus rapidement possible», a déclaré Frédéric Mazella, de la CFDT, à l’AFP.

«Nous avons sollicité le ministère de la Culture pour obtenir un rendez-vous vendredi après-midi avec notre direction générale et obtenir des précisions. Nous avons obtenu des avancées, notamment sur le maintien de la rémunération et sur la non-externalisation des services (agents d’accueil, conférenciers, NDLR), deux engagements qui restent à confirmer dans le projet de protocole d’accord», a-t-il ajouté.

Au terme d’une première réunion, mardi, entre les organisations syndicales (CGT, FO, CFDT, SUD, Unsa) et le cabinet de la ministre de la Culture Rima Abdul Malak, les négociations avaient débouché sur un projet de protocole d’accord. «Les 18 revendications ont été étudiées point par point et des engagements ont été pris face à des préoccupations légitimes», a assuré à l’AFP la direction, qui s’est dit «confiante» quant à la poursuite des négociations et n’a pas souhaité s’exprimer d’avantage vendredi. «Tant que le protocole n’est pas signé, la grève n’est pas levée», a toutefois martelé Nathalie Ramos (CGT), soulignant que les membres du personnel demandaient «des garanties écrites sur la non-externalisation de leurs missions et le renouvellement de certains contrats pendant la fermeture». Côté CFDT, Frédéric Mazella indique que «les propositions de l’administration ont été amendées par les syndicats, en faveur notamment d’un regroupement des agents sur un site unique pendant la fermeture». Le projet de protocole prévoyait jusqu’à présent un redéploiement des agents au Grand Palais, en travaux de restauration et qui doit rouvrir en 2024, et sur un nouveau pôle francilien de conservation et de création du Centre Pompidou à Massy (Essonne), qui doit ouvrir en 2026. Des conférences prévues dans le cadre de la foire d’art contemporain Paris par Art Basel, qui se tient jusqu’à dimanche, ont été déplacées au musée Picasso, non loin du Centre Pompidou, selon la CGT Culture, qui s’insurge dans un tract contre «cette tentative de briser la grève».