L’exposition «L’Économie selon Astérix», qui s’est ouverte samedi à Paris à la Cité de l’économie (Citéco), montre une fois de plus le savoir-faire des créateurs du personnage et de son village gaulois, René Goscinny et Albert Uderzo, génies de la parodie.

C’est Citéco, un musée installé dans un ancien hôtel particulier de style néo-Renaissance, puis une ancienne succursale de la Banque de France, qui accueille cette exposition jusqu’au 26 février. Une nouvelle bande dessinée d’Astérix sort aussi jeudi, L’Iris blanc , 40e album des aventures de l’irréductible Gaulois. Elle satisfera les nostalgiques des auteurs d’origine, le scénariste Goscinny et le dessinateur Uderzo, décédés respectivement en 1977 et 2020.

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Les pièces maîtresses de l’exposition sont issues de leurs archives, et rarement montrées au public. Citéco place côte à côte un scénario, tapé à la machine par Goscinny, case après case, action à gauche et dialogues à droite, en vue de la planche 25 de l’album Le Bouclier arverne (1968) et le crayonné de cette planche réalisé par Uderzo. On voit aussi, encore plus en amont dans son travail, un synopsis là aussi tapé à la machine par Goscinny, de plusieurs planches de l’album Astérix gladiateur (1964).

«Goscinny écrit tout à l’avance. Il décrit précisément tout ce qui se passe sur chacune des pages. Ensuite, il va voir son ami Uderzo, qui va lui dire: “là ça ne va pas, tu veux vingt chevaux mais quatre suffiront”. Il y a une négociation», explique à l’AFP Didier Pasamonik, commissaire de l’exposition, éditeur et journaliste de bande dessinée. «Une fois qu’ils se sont mis d’accord», poursuit-il, «le découpage est fait par Goscinny et Uderzo dessine, avec une grande intelligence» et une foule de détails comiques qui parlent aux lecteurs les plus jeunes comme aux connaisseurs de l’Antiquité.

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L’approche économique choisie par l’exposition permet de revisiter l’«esprit gaulois» tel que l’ont imaginé les auteurs: méfiance face aux puissants, farouche volonté d’indépendance, attachement au village mais ouverture aux autres cultures. «Plein de cases d’Astérix caricaturent l’économie et disent beaucoup sur elle. Si Goscinny et Uderzo n’en sont pas des spécialistes, tout comme ils ne sont pas historiens, ils posent des questions qui nous intéressent encore», estime Christian Chavagneux, conseiller économique de l’exposition. La naissance de la monnaie, l’internationalisation des échanges ou l’importance de l’esclavage et des pillages pour l’économie impériale, faits marquants de l’Antiquité, sont ainsi évoqués dans les albums, de même que des sujets plus propres au XXe siècle: production de masse, bulles spéculatives, montée de la bureaucratie ou encore tensions entre patronat et salariés.