L’investissement est considérable. 450 millions d’euros mis sur la table par les trois partenaires, le français Suez, le québécois Loop Industries et le coréen SK Geo Centric. Il permettra de créer une usine de recyclage chimique du plastique PET, le polyéthylène téréphtalate, qui sert par exemple à fabriquer des bouteilles en plastique. Et c’est en France, à Saint-Avold (Moselle), qu’ils ont décidé de créer cette nouvelle usine, qui permettra de créer 200 emplois directs.

« Aujourd’hui, nous possédons des unités de recyclage mécanique du plastique PET, précise Sabrina Soussan, PDG de Suez. Mais elles ne peuvent pas recycler tous ces plastiques, notamment quand il y a d’autres éléments qui y sont mêlés. Ce sera possible avec cette nouvelle usine. » Aujourd’hui, le PET non recyclé part dans des incinérateurs ou est enfoui. Désormais, il sera possible de le trier, puis de le recycler. « C’est le principe de l’économie circulaire totale, où on peut refaire la matière vierge », s’enthousiasme Sabrina Soussan.

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À Saint-Avold, la technologie de recyclage chimique du plastique développé par Loop Industries sera utilisée. Elle permet de dépolymériser les déchets plastiques en ses éléments de base, ou monomères. Puis ces monomères sont purifiés, polymérisés à nouveau pour créer une fibre de polyester et une résine PET de qualité vierge. « Le plastique PET devient ainsi recyclable à l’infini, complétant les techniques précédentes », précise encore Sabrina Soussan.

Suez prendra en charge la collecte, le tri et la préparation des flux entrants. Le groupe s’appuiera sur sa connaissance du marché européen du plastique et ses partenariats industriels pour cela. Le coréen SK Geo Centric apportera son savoir-faire industriel. Il travaille déjà avec Loop Industries pour construire un immense complexe en Corée du Sud utilisant la même technologie. Le cadre exact du partenariat n’est pas encore précisément fixé, mais les trois entreprises vont investir ensemble et seront présentes au capital de cette nouvelle usine.

Cette nouvelle usine devrait produire 70.000 tonnes de plastique recyclé par an. De quoi répondre à une demande croissante en matériaux recyclés de la part des grandes marques mondiales présentes en Europe. Un mouvement amplifié par la réglementation. « L’Union européenne fixe un cadre très ambitieux d’incorporation de PET recyclé dans les produits nouveaux, ce qui devrait assurer une forte croissance pour cette activité de recyclage dans le futur », détaille la patronne de Suez.

Le début de la construction de cette unité de recyclage est prévu début 2025 pour une mise en service en 2027. Une rapidité de réalisation qui s’explique par l’existence d’une plateforme industrielle chimique sur place. Cela permet d’accéder à des infrastructures utiles, comme un réseau de chaleur, une logistique routière et ferroviaire et un réseau de sous-traitants.

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