C’est le débat qui s’invite à chaque nouvelle réforme des retraites : répartition ou capitalisation ? Alors que le projet de l’exécutif ne remet pas en cause le système historique par répartition, plusieurs voix s’élèvent ici et là, en faveur de la capitalisation : David Lisnard, Philippe Juvin, Jacques Garello…

Dans une tribune publiée ce samedi dans Le Journal du Dimanche, un collectif d’économistes et d’entrepreneurs (dont François Asselin, président de la CPME) plaide à son tour pour un principe de capitalisation collective, en prenant pour exemple la caisse de retraite complémentaire des pharmaciens, la CAVP.

Revenant sur les réformes passées, les signataires ne mâchent pas leurs mots : «Les cotisations ont augmenté, l’âge de départ a reculé, les modalités de calcul et de réévaluation des pensions ont été durcies. Cela réduit aussi bien le pouvoir d’achat des actifs que celui des retraités.» Leur crainte : une baisse drastique du pouvoir d’achat des aînés dans les prochaines décennies. «Selon le Conseil d’orientation des retraites, il reviendra en 2070 au niveau des années 1980, avec une baisse du pouvoir d’achat relatif des retraités de l’ordre de 20% par rapport au reste de la population», argumentent-ils.

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Pour les rédacteurs de la tribune, «ce recul est la conséquence mécanique d’une démographie chancelante et d’un financement quasi exclusif des retraites au jour le jour par la répartition dans le secteur privé.» Le régime par répartition instauré dans la France de l’après-guerre serait-il dépassé ? C’est bien ce qu’affirment les signataires, qui estiment que « limiter le financement des retraites obligatoires à la répartition conduit à paupériser la masse des futurs retraités du privé.»

Pour le collectif, la solution existe déjà, c’est la capitalisation, en complément de la répartition : «quelques professions ont eu la clairvoyance de réinstaurer des capitalisations obligatoires et constatent que c’est une réussite». Deux régimes sont mentionnés : celui des fonctionnaires, affiliés d’office depuis 2005 à la retraite additionnelle de la fonction publique (RAFP) et celui, moins connu, des pharmaciens. Via la Caisse d’Assurance Vieillesse des Pharmaciens, une partie de la retraite complémentaire de la profession repose en effet sur la capitalisation collective.

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Les auteurs appellent à «généraliser ces dispositifs de capitalisation collective en complément de la répartition». Par quel biais ? Celui des partenaires sociaux, qui cogèrent les retraites complémentaires françaises depuis 1947. «L’Agirc-Arrco dispose d’une réelle légitimité. Elle pourrait créer un équivalent de la RAFP, qui fonctionnerait au profit de tous les salariés du privé», suggère la tribune.

Bénéfique pour le pouvoir d’achat des retraités, la mesure serait aussi un soutien pour la croissance, d’après les signataires, qui y voient un vecteur de «financement des entreprises et des chantiers d’avenir».