Comme lors des quatre précédentes journées d’action contre la réforme des retraites, un défilé rassemblant tous les syndicats foulera les pavés de la capitale. Inutile toutefois d’y chercher Philippe Martinez, Laurent Berger ou n’importe quel autre chef de file d’une organisation de salariés. Ils seront tous à 700 km de là, à Albi. Cette décision, annoncée le 11 février, a surpris plus d’un observateur des mouvements sociaux. Il est en effet rare que les têtes de proue des centrales sortent de Paris. Pourtant ce choix a été longuement réfléchi et répond à de nombreuses questions. Tour d’horizons.

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Depuis le début des cortèges, les syndicats ne cessent de mettre en avant les très fortes mobilisations dans les villes moyennes de France. Régulièrement, plus de 200 cortèges allant de plusieurs centaines à plusieurs dizaines de milliers de personnes battent le pavé. Des chiffres qui ont surpris les syndicats eux-mêmes et qu’ils utilisent abondamment pour pointer «que même les travailleurs, les secondes lignes lors du Covid, ne veulent pas de cette réforme», dixit Laurent Berger. Le fait de choisir une ville moyenne est donc un moyen «d’appuyer l’ancrage fort de ce mouvement partout sur le territoire, dans les petites villes comme dans les plus grandes», notait ainsi l’intersyndicale dans son communiqué pour annoncer son choix.

Autre point d’attention : les vacances. Cette semaine, deux des trois zones scolaires sont concernées. Une période naturellement peu propice à la contestation et aux défilés. Rare région restante, l’Occitanie était aussi celle qui comptait le plus de points de ralliement. De quoi la placer en haut de la liste. Élément important, le lieu choisit devait être rapidement accessible pour permettre aux leaders syndicaux et aux manifestants de s’y rendre en nombre. C’est le cas d’Albi, situé à moins d’une heure de Toulouse et de son aéroport.

Pour finir, il fallait que la commune puisse se targuer d’avoir des chiffres de mobilisation conséquents lors des précédentes journées et que l’entente soit bonne entre les militants syndicaux locaux. Finalement une short-list de trois communes a été élaborée, comprenant Mende, Tarbes et Albi. C’est cette dernière qui a tiré le gros lot.

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Un défi logistique pour les autorités locales. Les syndicats attendent 30.000 personnes pour cette commune de 50.000 habitants. Une affluence record, sachant que le 31 janvier avait déjà été exceptionnel avec 20.000 manifestants selon les syndicats et 10.000 selon la préfecture.

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