«Le travail n’est pas terminé, mais Danone est de retour dans le jeu.» Antoine de Saint-Affrique, le directeur général du géant laitier, récolte les premiers fruits de son plan de relance de la croissance à horizon 2023/2024, lancé il y a un peu moins d’un an. En 2022, la première année complète sous sa direction, le propriétaire d’Actimel, Activia, Evian ou Alpro a affiché une progression de 7,8% de son chiffre d’affaires, à 27,6 milliards d’euros.
Surtout, si le chiffre d’affaires a été tiré par les hausses de prix facturées pour répercuter l’inflation de ses coûts de production ( 8,7%), cela n’a que marginalement pesé sur ses volumes. Ceux-ci affichent un recul mesuré de 0,8% sur l’année. Sans tenir compte de ses activités de produits laitiers et végétaux en Russie, en cours de cession, ceux-ci progressent même de 0,2%. Au quatrième trimestre toutefois, l’activité à toutefois décroché de 4,4%, sous l’effet des hausses de prix.
Par zone d’activité, le rebond est notable aux États-Unis ( 9,7% au quatrième trimestre) où le retour à la croissance des produits laitiers entamé en 2021 se confirme (Activia, Oikos…). Mais aussi en Chine ( 3,4%), «où nous sommes très compétitifs sur les laits infantiles, même s’il reste des choses à faire sur nos eaux Mizone. Celles-ci ont souffert du manque de mobilité de la population dans le pays ces derniers mois», décrypte ce mercredi Antoine de Saint-Affrique.
Dans son objectif de retour à une croissance rentable, le groupe sait qu’il faudra encore consolider les fondements. «En un an, nous avons remanié de fond en comble le conseil d’administration, ainsi que le comité exécutif pour faire venir de nouveau talents. Outre la rotation de notre portefeuille, l’attention portée à l’exécution, aux innovations, et au soutien de nos marques a été notre priorité. Ce travail de fond prendra surtout son ampleur à 2023.» Alors qu’il estime pouvoir atteindre son objectif de retour à une croissance rentable cette année, les prochaines années devraient aussi être celle d’une position plus offensive sur les fusions acquisitions. Voire du développement sur de nouveaux secteurs, après avoir simplifié ses références.
Désireux de se recentrer sur des marques moins nombreuses, le groupe a en effet achevé la cession en mai du solde de sa participation au capital de son partenaire chinois Mengniu en Chine. Il a aussi annoncé en octobre son projet de cession – toujours en cours – de ses activités de produits laitiers et végétaux en Russie (5% de son chiffre d’affaires). Ainsi que son intention de céder ses marques laitières Organic et Wallaby aux États-Unis (3% de son chiffre d’affaires).
Cela lui permet de presque atteindre son objectif de faire tourner 10% de son portefeuille. «Ce n’est pas un objectif en soi. Cela doit nous permettre surtout de réinvestir dans nos marques stratégiques, et de se préparer à moyen terme pour être plus offensifs dans des domaines correspondants à notre mission de santé par l’alimentation. Nutrition médicale, médicaments sans ordonnance, compléments alimentaires…: le champ des possibles est immense et nous ne nous interdisons rien», insiste le dirigeant.
D’ici là, le groupe continuera à miser sur l’innovation. Le 6 février, il a inauguré son nouveau centre international de R
Après avoir investi 300 millions d’euros dont la moitié dans le marketing, le groupe prévoit de doubler la mise en 2023 pour transformer l’essai. Notamment sur ses marques internationales comme Delight, Solk, Activia ou Oikos. Importants, ces forts investissements expliquent en partie le recul de la marge opérationnelle annuelle tombée de 13,7% à 12,2% entre 2021 et 2022. Soit encore loin de certains de ses pairs, comme Nestlé dont la marge opérationnelle gravitait en 2022 au-delà de 17%. «Dans une crise telle que nous la connaissons, soit vous ralentissez, soit vous accélérez. Nous avons choisi d’accélérer, en ne sacrifiant jamais nos objectifs de long terme, argumente le dirigeant. Cela devrait nous permettre de voir cette année une amélioration modérée de la marge opérationnelle courante.»
Alors que le groupe est passé en 2021 par la plus grande crise de gouvernance de son histoire, le dirigeant compte aussi sur ce redressement progressif pour achever de regagner la confiance des investisseurs. Un chantier encore en cours. « Retrouver une dynamique de confiance, c’est avant tout assurer une régularité de nos résultats. C’est ce que Danone fait depuis plusieurs trimestres maintenant. C’est seulement comme cela que l’on recrée du lien et de la confiance avec toutes les parties prenantes», conclut Antoine de Saint-Affrique.