Dans un monde en turbulences, rien n’est jamais acquis. Raison pour laquelle le bilan 2022 des investissements étrangers en France est d’autant plus satisfaisant : l’an dernier, ce sont 1725 projets qui ont été recensés sur le territoire, selon le bilan annuel de Business France, l’agence publique en charge de l’attractivité. Cela représente une augmentation de 7% par rapport à l’année précédente. L’année 2021 avait d’ailleurs déjà été très bonne (après une période compliquée sous l’effet de la crise sanitaire en 2020), permettant aux investissements internationaux de revenir au-delà de leur niveau d’avant-crise.
Ces nouveaux investissements en 2022 ont permis de créer ou de maintenir 58.810 emplois, «soit une augmentation record de 31% par rapport à l’année précédente», précise l’étude. En moyenne, 33 décisions d’investissement ont été prises par semaine en 2022. Bref, la France atteint son plus haut niveau d’attractivité historique. «Les investisseurs ont désormais bien à l’esprit le package de réformes du précédent quinquennat, sur la fiscalité et le marché du travail, ils font état d’une meilleure résilience de la France à la crise que nombre de ses voisins, et apprécient l’avance prise par le pays pour investir dans la transition énergétique», souligne Laurent Saint-Martin, le directeur général de Business France.
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Cela lui permet-il de se maintenir comme premier pays d’accueil des investissements internationaux en Europe ? Il faut attendre le traditionnel rapport EY sur le sujet, publié mi-mai à l’occasion du prochain sommet Choose France, pour avoir la réponse. «Mais il se pourrait que nous conservions cette place», dit-on dans les rangs de l’exécutif.
«Il faut maintenant que tout cela dure…», reconnaît Laurent Saint-Martin. L’image donnée par le pays actuellement ne joue pas en sa faveur : non seulement il se retrouve en proie à d’importantes manifestations contre la réforme des retraites, mais les désordres parlementaires au sein d’une Assemblée qui n’a pas la majorité pour faire passer ses textes ne sont pas le gage de la stabilité politique si chère aux investisseurs. Les effets de l’Inflation reduction act (IRA) américain, qui subventionnent les investissements sur les technologies propres, vont en outre monter en puissance. «Nous perdons déjà des projets», admet-on dans l’administration. Mais pour l’heure, Emmanuel Macron se félicite d’«une année record». «La France attire plus que jamais et crée des emplois. La politique conduite depuis 6 ans porte ses fruits !», a tweeté le chef de l’État, ce lundi matin.
Selon le bilan, les projets proviennent d’une soixantaine de pays différents, précise Business France. Les investisseurs européens restent néanmoins «largement majoritaires», à l’origine de 65% investissements. Par pays, les États-Unis reprennent la première place du podium occupée par l’Allemagne l’année dernière, avec 280 projets (16%) et 17.107 des emplois recensés (29%). Ils détrônent ainsi l’Allemagne et ses 256 projets (15%) et 7181 des emplois (12%). Le Royaume-Uni complète le podium avec 176 projets recensés et 4071 emplois.
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Business France se réjouit évidemment de ces chiffres : les décisions de nouvelles implantations en France représentent 50% des projets, «ce qui atteste de l’intérêt accordé par les investisseurs internationaux à l’environnement des affaires et aux perspectives économiques de la France». Les décisions d’extension de site existant représentent 46% des projets, «signe de la confiance renouvelée des entreprises étrangères ayant déjà investi en France», dit ainsi l’agence. Le reste est constitué des rachats d’entreprises.
L’exécutif l’a dit plusieurs fois, il voit les investisseurs étrangers comme un levier pour participer au mouvement de réindustrialisation. Les chiffres pourraient lui donner raison de miser dessus : les activités de production restent en effet sur la première place du podium avec 26% des projets et 30% des emplois recensés. Les investisseurs, eux, ont bien compris que le politique volontariste du gouvernement pouvait leur être favorable : près du quart des décisions concernent des secteurs ciblés et financés par le programme «France 2030». L’Hexagone arrive en outre à compenser certains défauts structurels (une taxation encore élevée et une bureaucratie débordante) via des dispositifs comme les «sites industriels clés en main» – des sites purgés des autorisations administratives en tout genre – qui permettent aujourd’hui de gagner du temps sur la construction d’une usine industrielle.
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