Après l’arrêt de la commercialisation des eaux du groupe Danone chez Intermarché et des jus de fruits Tropicana dans les Carrefour, c’est au tour de Système U de supprimer certains produits de ses rayons. Parmi les références concernées, se trouvent les boissons Pepsi, Lipton Ice Tea, 7up, les chips Lay’s et Doritos, ainsi que le gaspacho Alvalle et les céréales Cruesli. «Le coup est parti», lançait lundi à LSA le président de Système U, Dominique Schelcher.

En prenant le risque de supprimer des produits largement plébiscités par ses clients, le représentant dénonce les agissements des industriels. Les dernières négociations commerciales se sont achevées au début du mois de mars «avec des demandes de hausses jamais vues depuis quarante ans», relève Dominique Schelcher. Les industries alimentaires ont ainsi présenté «des hausses de tarifs de 14 à 15% en moyenne, qui font suite à des demandes de 12 à 13% pour les négociations 2022». Déjà, les prix des produits avaient subi des augmentations dans les rayons.

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Si Dominique Schelcher comprend qu’il «peut y avoir une envie de rattrapage», «pour certains [industriels] cela va trop loin, avec pour seule obsession la rentabilité». Ces acteurs ne seraient plus intéressés «par les problématiques des consommateurs», cherchant par tous les moyens «de passer leur hausse». «Cela va se retourner contre [les industriels] et contre tous les acteurs de la chaîne», regrette le président de Système U, «la baisse de volumes s’accélère, ceux qui croient que leur marque est plus forte se trompent».

Il fustige également les déclarations de Jean-Philippe André, président de l’Association nationale des industries agroalimentaires (Ania), sur «tous les plateaux de télévision évoquant des demandes de hausse de 8 à 10% pour 2023», loin des 14 à 15% réellement présentés. «Ça m’a choqué, il savait très bien que c’était faux», complète Dominique Schelcher.

Interrogé ce jeudi matin sur RMC, le président de Système U recommande ainsi de «pouvoir casser les périodes de négociation et de négocier plus régulièrement» avec les industriels. Cela permettrait notamment d’enregistrer plus rapidement les premières baisses de prix, notamment sur le blé, le café et les emballages. Au lieu d’attendre les prochaines négociations au mois de juin, les consommateurs pourraient ainsi dès à présent payer moins cher certains produits. Mais, pour l’heure, Bercy n’envisage pas encore ce dispositif.