Le portefeuille des Français va-t-il bientôt pouvoir souffler un peu ? Présenté comme une priorité par le gouvernement, le pouvoir d’achat des ménages souffre depuis plusieurs mois, grignoté durablement par l’inflation. Et, selon les experts, cette tendance pourrait durer encore un temps. Ce vendredi, l’Insee a dévoilé sa première estimation de l’évolution de l’indice des prix à la consommation en avril : selon les statisticiens nationaux, le taux d’inflation sur un an a atteint, ce mois-ci, 5,9%.
Dans le détail, l’évolution diffère selon les catégories de produits et services concernés. Le coût des produits énergétiques (gaz, électricité, pétrole) a ainsi progressé de 7% entre avril 2022 et avril 2023, après une hausse plus modérée de 4,9% sur un an en mars. L’accélération de l’inflation est moins marquée en ce qui concerne le tabac ( 9,4% sur un an après 7,8%) et les services ( 3,2% après 2,9%). Le renchérissement des produits alimentaires a en revanche été moins rapide qu’au mois de mars, puisque leurs prix ont progressé de 14,9% sur un an après avoir tutoyé les 16% le mois précédent, détaille l’Institut national de la statistique et des études économiques. L’inflation alimentaire est devenue en 2023 le principal moteur de l’inflation, supplantant l’énergie.
Le ralentissement de la hausse des prix alimentaires en avril concerne surtout les produits frais, dont le coût a progressé de 10,2% sur un an, après avoir bondi de plus de 17% en mars. Les autres produits alimentaires se sont renchéris de 15,8% sur un an, un rythme quasi identique à celui du mois précédent (15,7%). Enfin, le prix des produits manufacturés a crû de 4,7% sur un an, un très léger ralentissement par rapport au mois de mars (4,8%). Autre bonne nouvelle, «sur un mois, les prix à la consommation augmenteraient de 0,6% en avril 2023, après 0,9% en mars», affirme l’Insee.
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Combien de temps l’inflation demeurera-t-elle au-dessus de la barre des 5% ? Dans ses dernières prévisions, le gouvernement table sur un taux établi à 4,9% en 2023, et 2,6% en 2024. Des estimations trop optimistes, selon le Haut conseil des finances publiques : «Les prix des produits alimentaires devraient continuer à augmenter sous l’effet de la transmission des hausses passées de coûts de production et […] les prix des services resteront soutenus par la forte progression des salaires, liée aux difficultés de recrutement et à la compensation de l’inflation élevée», écrivaient les experts. Les prédictions de l’exécutif sont «un peu sous-estimées, comme cela a été le cas régulièrement au cours des deux dernières années», résumaient-ils.
À titre de comparaison, la Banque de France s’attend à un taux établi à 4,9% en moyenne annuelle en 2023, contre 5,5% pour l’institut Rexecode et 5,8% pour l’OFCE. De leur côté, les statisticiens nationaux restent prudents : dans leur dernière note de conjoncture, datée de mi-mars, ceux-ci avançaient que «l’inflation refluerait quelque peu, pour se situer un peu en dessous de 5,5 % en juin». La baisse se focaliserait principalement sur les prix de l’énergie, tandis que les prix alimentaires «demeureraient quant à eux particulièrement dynamiques et ce, malgré la baisse des cours mondiaux des matières premières alimentaires». Les prix des services comme ceux des produits manufacturés augmenteraient aussi, jusqu’en juin.
Explosif, ce dossier est suivi de près par l’exécutif comme les oppositions. «Aujourd’hui, la première préoccupation de nos compatriotes, c’est le pouvoir d’achat», a souligné Elisabeth Borne, en présentant sa feuille de route pour les mois à venir. Reconnaissant les difficultés rencontrées par de nombreux Français, la première ministre a appelé distributeurs et industriels à renégocier, invitant également employeurs comme syndicats à «agir pour revaloriser les salaires». Tout un programme.