Bruxelles n’aura pas tardé à agir. Une semaine après que le média The Information a révélé la mise en ligne, en France et en Espagne, de l’application TikTok Lite, la Commission européenne demande des comptes à son éditeur, le groupe chinois ByteDance. Ce dernier a 24 heures pour répondre à une «demande d’informations» sur les risques associés à ce nouveau service.

TikTok Lite est en tout point semblable au service TikTok, à un détail majeur près. Plus il regarde des vidéos, plus l’internaute reçoit des jetons. Il est aussi récompensé s’il se connecte chaque jour, s’il suit des créateurs de contenus, et s’il convainc des proches à télécharger le service. Ces jetons sont ensuite échangeables contre des bons d’achat Amazon. De quoi encourager un usage excessif de l’application vidéo, déjà accusée d’accaparer l’attention des adolescents et jeunes adultes.

TikTok, comme tous les grands réseaux sociaux, est soumis en Europe au règlement Digital Services Act. Bruxelles demande plus d’informations sur le rapport d’évaluation des risques que l’entreprise est censée avoir réalisé avant de mettre en ligne TikTok Lite sur le continent. La Commission veut notamment en savoir plus sur «les impacts potentiels du programme de récompenses sur la protection des mineurs et sur la santé mentale des utilisateurs, en particulier sur la potentielle stimulation de comportements addictifs.»

L’entreprise a 24 heures pour répondre à la Commission. «Une demande d’information est un acte d’enquête qui ne préjuge pas des suites que pourrait décider de prendre ou non la Commission. Néanmoins, selon l’article 74 du DSA, la Commission peut imposer des amendes en cas de communication d’informations incorrectes, incomplètes ou fausses», précise l’institution. TikTok est déjà sous le coup d’une enquête de Bruxelles pour violation du Digital Services Act sur la protection des mineurs ou la transparence publicitaire.

La mise en ligne de TikTok Lite en France a fait vivement réagir les élus, les associations de la protection de l’enfance, et la secrétaire d’État au Numérique Marina Ferrari. « Le mécanisme de rémunération – bien que plafonné à une heure et interdit aux mineurs – est une dérive incontestable, avait souligné la secrétaire d’État dans un message publié sur X, et est à l’opposé des principes de la société numérique que nous voulons bâtir. » Marina Ferrari avait renvoyé cette problématique à Bruxelles, qui régule directement TikTok.