La situation se dégrade très rapidement chez Atos, obligeant l’entreprise à revoir les conditions de son plan de sauvetage. Ce jeudi, à l’occasion de la publication des résultats pour le premier trimestre 2024, l’ex-fleuron de l’informatique tricolore a annoncé la baisse de son chiffre d’affaires de près de 11% sur un an. Une baisse telle qu’elle oblige Atos à revoir la date butoir pour que les créanciers soumettent leur plan de refinancement, initialement prévue ce vendredi et finalement repoussée au 3 mai.

Endetté à hauteur de 4,6 milliards d’euros, le groupe était entré en début d’année dans une procédure de conciliation visant à réduire le poids de cette dette . Début avril, il avait présenté un plan à ses créanciers, investisseurs et actionnaires, visant à ce que les premiers abandonnent une partie de leur dette. Atos avait également fait un appel du pied auprès de potentiels repreneurs, ces derniers devant déposer d’ici à ce vendredi leur dossier de reprise.

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À la lumière des résultats présentés aujourd’hui, à peine deux semaines après la présentation de ce plan, Atos estime qu’il est déjà caduc. Dans un communiqué publié ce jeudi, l’entreprise de Bezons estime ainsi nécessaire « la révision du plan d’affaires 2024-2027 entraînant une augmentation du besoin de nouvelles liquidités et potentiellement une réduction de dette supplémentaire». Pour rappel, le premier plan envisageait un écrasement de la dette à hauteur de 1,2 milliard d’euros pour la convertir en action, et l’injection de financement supplémentaires à hauteur de 1,2 milliard d’euros.

À l’occasion d’une conférence téléphonique donnée ce jeudi matin, Paul Saleh, le directeur général de l’entreprise, n’a pas voulu détailler l’ampleur de cette révision. Le plan révisé devrait être présenté dans les prochains jours. Selon lui, l’augmentation très probable à venir du besoin de liquidités et/ou de réduction de dette s’explique aussi bien par la « faiblesse actuelle du marché de l’IT, plus faible que ce à quoi qu’on s’attendait», au niveau mondial, que certains facteurs propres à Atos. « Il y a certaines décisions qui sont repoussées par nos clients. ils attendent plus de clarté dans la résolution de nos enjeux financiers». Eviden, l’entité regroupant les activités de cloud, cybersécurité, big data, voit ses revenus reculer de 3,9% en organique, à cause de la baisse des marchés américains et du Royaume-Uni. Tech Foundations, qui regroupe les entités de gestion de parcs informatiques (infogérence), accuse une baisse de 1,5% de ses revenus.

Au-delà de cet indicateur, le ratio dit de prise de commande sur chiffre d’affaires, qui mesure le rapport entre les nouvelles commandes signées par l’entreprise et ses facturations, se dégrade lui aussi au niveau du groupe, signalant un ralentissement à venir de l’activité. Seul BDS, l’entité qui recoupe notamment l’activité des supercalculateurs, dynamique, enregistre une légère augmentation de ce «book to bill».

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La marge opérationnelle, du groupe se dégrade elle aussi de façon importante. A 48 millions d’euros, elle représente 1,9% du chiffre d’affaires total, contre 3,3% l’an passé à la même époque, notamment impacté par l’effondrement de la rentabilité du pôle Eviden. La dette nette elle aussi est en très forte hausse. Elle passe de 3,9 milliards d’euros contre 2,3 milliards à la fin de l’année dernière. Interrogé ce jeudi matin, Paul Saleh estime qu’il s’agit du résultat de la fin de certaines actions sur le fond de roulement du groupe. Mécaniquement, la trésorerie d’Atos s’en ressent : elle atteint 1 milliard d’euros, contre 2,4 milliards à la fin de l’année dernière, rendant d’autant plus crucial le financement temporaire accordé de 450 millions d’euros validé le 9 avril.