Jamais deux sans trois. Après avoir guidé l’OM à cinq victoires de rang, Jean-Louis Gasset n’a pas pu faire de miracles sur les trois derniers matches, trois défaites, à Villarreal (3-1) – où le désastre d’une élimination a été évité de justesse – et Rennes (2-0) avant la trêve internationale, et donc face au PSG (0-2), dimanche. L’état de grâce est terminé. Un Classique avant lequel beaucoup d’observateurs imaginaient une large victoire parisienne. Dynamique, infirmerie, niveau intrinsèque des joueurs… Il ne devait pas y avoir photo. Finalement, les Marseillais ont eu le mérite de jouer les yeux dans les yeux avec Paris pendant une bonne partie de la rencontre, cédant sur deux contres. «Beaucoup de frustration», soufflait Jean-Louis Gasset dimanche soir, Ulisses Garcia relevant que l’OM «a fait un bon match dans l’ensemble». Pas assez pour coucher Paris, à 10 pendant plus de 50 minutes.
Si bien qu’on peut se demander ce qu’il faut à Marseille pour, enfin, venir à bout de son meilleur ennemi. 13 ans que le club phocéen n’a plus battu celui de la capitale au Vélodrome en Ligue 1, depuis 2011, sous Didier Deschamps. Seulement deux victoires sur les 30 dernières confrontations, en 2020 au Parc des Princes et l’an dernier, en Coupe de France. Ça ne fait pas lourd… «Encore un pétard mouillé» : ce titre de La Provence dénote bien de la lassitude marseillaise. L’histoire sans fin. «On ne va pas se mentir, ça fait mal, c’est douloureux. On était invaincu au Vélodrome», peste Geoffrey Kondogbia.
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Ce qui a fait la différence dimanche soir ? «On connaît les qualités de Paris. On a eu pas mal d’occasions, on ne les a pas concrétisées, note Garcia. C’est très frustrant de prendre ces deux buts en contre. Ils ont été lucides dans les 30 derniers mètres.» Tout l’inverse des Marseillais, même s’il convient de souligner que «le gardien (Donnarumma) a fait son match aussi. On a dépensé beaucoup d’énergie, ce qui a fait qu’on a manqué d’efficacité collective», confirme Kondogbia, Amine Harit saluant pour sa part un «gardien incroyable» pour évoquer Gigio Donnarumma. «Il fallait rester beaucoup plus concentré», résume Gasset, estimant que l’arbitre, Benoît Bastien, aurait dû accorder le but refusé à Jordan Veretout en seconde période. «Je languis de revoir les images», a-t-il indiqué en conférence de presse. L’ancien entraîneur adjoint de Luis Fernandez et Laurent Blanc à Paris serait sans doute déçu, la proximité entre Donnarumma et l’attaquant marseillais Luis Henrique, effectivement hors-jeu, ne laissant que peu de place à la discussion…
Bonne nouvelle ? Poussés par un Vélodrome bouillant, les Marseillais n’ont pas à rougir de leur prestation, encore moins de leur attitude. Un petit manque d’ambition, de folie peut-être. De qualité surtout. Et d’efficacité, on l’a dit. «J’ai vu des joueurs abattus, fatigués, parce qu’ils ont tout donné. Le public ne s’y est pas trompé et ils nous ont encouragés tout le match, ils ont vu qu’on a essayé», salue Gasset. Le peuple marseillais ne sera peut-être pas toujours aussi patient. L’OM est actuellement septième au classement de Ligue 1, et donc en dehors des places européennes. La saison a déjà été éprouvante à bien des égards, sur et en dehors du terrain, et les cinq victoires inaugurales sous Gasset n’effacent pas tout. L’effectif est ce qu’il est, limité. Pau Lopez et compagnie visent encore la C1. Le temps presse.
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Les plus optimistes peuvent encore rêver à un sacre en Ligue Europa. Il faudrait écarter Benfica en quarts et le vainqueur de Liverpool-Atalanta avant de se hisser en finale. Les plus réalistes noteront que les joueurs de l’OM doivent encore affronter trois équipes qui sont devant au classement en L1, Nice (29e journée) et Lens (31e journée) fin avril et Lille, au stade Pierre-Mauroy, vendredi prochain (21h) en ouverture de la 28e journée de Ligue 1.
Reste à savoir s’il y a des raisons d’espérer des lendemains qui chantent et une fin de saison qui répondrait aux attentes marseillaises. Ce ne sera pas simple : entre la méforme des uns et les limites des autres, l’OM doit composer avec une «malchance» – dixit Jean-Louis Gasset – qui tourne à la malédiction. «Avant le match, je n’ai pas voulu me retrancher derrière les blessures, mais la trêve internationale a été terrible pour nous, peste le coach marseillais, désabusé. Jonathan Clauss blessé après 10 minutes avec l’équipe de France. Ismaila Sarr qui se claque avec le Sénégal. On avait quatre joueurs qui étaient en phase de reprise. On a passé cette semaine à les « remplir » petit à petit, on a fait un essai ce matin (dimanche) pour savoir s’ils pouvaient débuter. (Samuel) Gigot avait eu une infiltration à l’épaule afin de se donner plus de chances de finir le match. (Leonardo) Balerdi, pareil. Tous des défenseurs. Clauss, Gigot, Balerdi… Si les examens sont mauvais pour Mbemba, ce sera encore un casse-tête chinois pour les échéances à venir…»
Le genre de casse-tête chinois auquel Gasset a été confronté avant OM-PSG pour composer sa défense. «Pour vous dire la vérité, je ne savais pas si Ulisses Garcia pourrait jouer encore hier (samedi) à 22 heures… Idem pour Balerdi. On a fait un test de vivacité ce matin à 11h (dimanche) pour que les deux joueurs disent « OK, je peux débuter ». On a un souci au poste d’arrière droit. Clauss est blessé, (Amir) Murillo est convalescent. Il fallait encore inventer quelque chose», racontait le coach marseillais après le Classique. Le tout en sachant que Garcia n’est pas qualifié en Ligue Europa. Un souci de plus. «Je continue à me gratter la tête… On trouvera une solution tactique ou en déplaçant un joueur sur le côté. Mais on attendra d’abord le diagnostic pour Mbemba.» A priori, les nouvelles sont rassurantes pour ce dernier. Ça changerait…
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Dans tous les cas, les Phocéens n’ont «pas d’excuse», comme le disait Lopez avant OM-PSG. Il est temps de «regarder vers l’avant», comme l’indique Kondogbia. «On a fait de bonnes choses (dimanche) et on doit s’en servir pour les matches qui arrivent, ils sont super importants», ajoute-t-il. «Si on fait le match qu’on a fait, en améliorant dans les 30 derniers matches, on gagnera pas mal de matches», explique pour sa part Garcia, appelant à «voir les choses positivement». Gasset, lui, préfère rêver réalité. «On a des matches magnifiques à jouer. On ira vendredi à Lille, l’équipe en forme du moment. Ensuite, on joue les quarts de Ligue Europa. Ce sont de bons matches à jouer, comme ce soir.» Et de conclure : «Gardons cet état d’esprit et récupérons quelques joueurs». Méthode Coué ? Une chose est sûre : l’OM n’a déjà plus le droit à l’erreur en championnat de France. La peur du vide est bien là.