La lanceuse de disque française Mélina Robert-Michon, en route pour participer à Paris à ses septièmes Jeux olympiques, a confié à l’AFP son «envie indescriptible» d’être la porte-drapeau de la délégation française.
«Ce serait une telle fierté», a raconté l’athlète de 44 ans qui vise l’or à Paris, lors d’un entretien à Lyon où elle s’entraîne, soulignant l’envie «encore plus forte de briller» à domicile.
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QUESTION: Que représentent pour vous des JO organisés en France ?
RÉPONSE: «C’est une grande chance. Pour en avoir vécu plusieurs, de pouvoir vivre ça en France, de voir l’ambiance et tout ce que cela peut apporter, c’est exceptionnel. Ça a beaucoup joué dans ma décision de continuer (ma carrière), pour pousser jusqu’à Paris. C’est aussi l’occasion d’avoir ma famille en tribunes aux Jeux, ce que je n’ai jamais pu avoir. Mes parents, mes frères et sœurs, neveux et nièces. C’est l’occasion de leur faire connaître mon monde, celui qui guide ma vie depuis vingt ans. C’est quelque chose de fort.»
Q: Est-ce une pression différente à domicile ?
R: «Oui, forcément car il y a cette envie encore plus forte de briller devant ses proches. Mais on sent aussi l’attente médiatique et du grand public. Je le mesure et je le travaille car cela ne doit pas nous assommer le jour de la compétition. Il faut donc l’anticiper. Plus ça avance et plus je sens que ce n’est pas comme d’habitude, comme les autres années olympiques.»
Q: Quel regard portez-vous sur votre parcours olympique depuis vos premiers Jeux à Sydney en 2000 ?
R: «Si on m’avait dit ça en 2000, jamais de la vie je n’aurais imaginé que ce soit possible et que je sois performante. Car ce qui est le plus important ce n’est pas de durer pour durer mais il faut être dans le jeu.»
Q: On parle de vous pour être porte-drapeau de la délégation française, ça représenterait quoi ?
R: «Mon envie est indescriptible. Ce serait une telle fierté de représenter tous les sportifs, qui plus est en France pour mes septièmes Jeux. Ce ne serait pas un aboutissement car le plus important serait la médaille mais ce serait un gros truc. C’est chouette que tous les sportifs puissent voter.»
Q: Qu’est ce qui différencie les Jeux des autres championnats ?
R: «Si je ne dois garder qu’une médaille, c’est celle des JO de Rio (2e en 2016). Il y a ce côté rare car si on rate, il faut attendre quatre ans et c’est énorme. C’est au-dessus de tout. C’est sans comparaison. Les JO, c’est aussi très grand public. Une médaille aux championnats internationaux, c’est plus pour les connaisseurs. La dimension n’est pas du tout la même».
Q: Vous continuerez après les Jeux et disputerez les Mondiaux à Tokyo en 2025 ?
R: «Oui. Il y aura tellement de pression à Paris que je ne veux pas me dire que c’est la fin. J’ai aussi un goût très amer des JO de Tokyo car déjà cela ne s’est pas bien passé (éliminée dès les qualifications) et, par rapport au contexte (la pandémie), je n’avais pas l’impression d’être aux Jeux. J’ai envie de revenir dans ce stade et vivre une compétition normale.»
Q: avec une carrière aussi longue, a-t-il été difficile de concilier projets professionnels et personnels ?
R: «Je n’ai eu envie de lâcher ni l’un ni l’autre. Ce n’est pas le sport à tout prix et c’est ce qui m’a permis d’être performante. Les coupures (liées à ses deux grossesses, NDLR) m’ont été bénéfiques, permis de prendre du recul et de me poser les bonnes questions (…). Je me suis mise à en parler plus (de la maternité) et mon objectif n’est pas que toutes les femmes puissent avoir un enfant en carrière, mais qu’elles puissent se dire qu’elles ont le choix et qu’on peut revenir à haut niveau. La mentalité a heureusement évolué et je l’ai constaté entre mes deux grossesses.»
Propos recueillis par François-Jean TIXIER
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