Antoine Dupont. Voilà un nom qui, au contraire de Zinédine Zidane, Roger Federer, Tiger Woods ou Edson Arantes do Nascimento, est plutôt courant. En France, surtout. Avant le retour attendu du capitaine des Bleus pour le quart de finale de la Coupe du monde de rugby contre l’Afrique du Sud (dimanche, 21 heures), Le Figaro a rencontré plusieurs de ses homonymes.

Ils sont infirmier, podologue et directeur commercial. Ils vivent à Paris, Lyon et en Vendée. Tous ne connaissent pas le monde du rugby sur le bout des doigts, mais nul ne peut ignorer ce qu’il partage avec le meilleur joueur du monde de la discipline. Un patronyme extraordinaire à défaut d’être unique, qui leur a valu à chacun des anecdotes plus ou moins loufoques. Portraits.

Antoine est infirmier de garde dans la nuit du jeudi 28 au vendredi 29 septembre, lorsqu’un blessé arrive en urgence au Centre Hospitalier Départemental Vendée de La Roche-sur-Yon. «Un jeune qui s’est planté en scooter», explique-t-il. La blessure est rapidement diagnostiquée : fracture du plancher orbital. Ses collègues de l’hôpital n’en reviennent pas : «Ils n’ont pas arrêté de me chambrer en disant  »c’est marrant qu’Antoine Dupont s’occupe de soigner un mec qui a exactement la même blessure que lui ».»

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La coïncidence est étonnante, mais Antoine est habitué aux parallèles avec son célèbre homonyme. Grands fans de sport, ses amis du village de Montaigu-Vendée (85) lui envoient régulièrement des messages qui disent «Gros match mon Dudu» lorsque le rugbyman performe, ou encore des photos. «Certains sont très forts en Photoshop, je reçois des montages avec ma petite tête mise sur le corps très musclé d’Antoine Dupont.» Pour son anniversaire, on lui offre même un de ces montages sur une pancarte grand format.

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Il y a encore cinq ans, quand son patronyme n’était pas également celui du meilleur joueur de rugby de la planète, Antoine Dupont «n’en mesurait pas la portée». Mais il préfère relativiser : «Si je m’appelais Thierry Henry, ce serait pire». Jusqu’à présent, ce nom ne lui a apporté que des bons souvenirs, comme cette soirée dans un bar bondé du port de La Rochelle, en mai dernier, lorsqu’il a montré sa carte d’identité à un groupe d’une quinzaine de fans de rugby. «Après quelques bières descendues, c’était encore plus marrant.»

Son pronostic pour les Bleus : «Avant le début de la Coupe du monde, j’aurais dit la France sans problème, mais les Irlandais me font peur. Je vois une finale France-Irlande, et mon esprit chauvin me fait dire que les Bleus vont gagner.»

Lorsqu’Antoine est contacté par Le Figaro pour témoigner, il n’hésite pas une seconde : «On pourra discuter des hordes de jeunes supporters qui m’envoient leurs photos de trophées». Ce podologue à Vaulx-en-Velin (Grand Lyon, 69) a rendu visible son numéro de téléphone sur internet pour le bien de son activité paramédicale. Résultat, des fans de rugby lui font régulièrement parvenir des photos de leurs «trophées et médailles en tout genre. J’ai même déjà eu plusieurs déclarations d’amour.»

Antoine a beau leur dire qu’il n’est pas le vrai Antoine Dupont, rien n’y fait : «Ils émettent des doutes sur le fait que je ne sois pas le ‘vrai’ Antoine Dupont, et insistent beaucoup en espérant que, peut-être, je puisse leur révéler la vérité qu’ils veulent entendre, déplore-t-il. Je leur indique souvent d’aller discuter avec leurs parents pour qu’ils comprennent que les numéros des célébrités ne traînent pas sur internet…»

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Pourtant, il arrive qu’Antoine se fasse volontairement passer pour le rugbyman «en soirée pour m’amuser, ou lors de matches dans des bars». S’il avoue être plutôt foot, il se rend parfois au stade Gerland pour voir des rencontres du LOU, le club de la ville de Lyon. Peut-être y croisera-t-il un jour le demi de mêlée à l’occasion d’un LOU-Stade Toulousain. Ce sera l’occasion de lui dire que «c’est du boulot d’être son homonyme. Il devrait m’inviter voir un match de l’équipe de France». En attendant, dans son cabinet, certains patients le surnomment «Capitaine».

Son pronostic pour les Bleus : « Etant optimiste de nature, la victoire. Ou au moins une finale ! »

Point commun entre cet Antoine Dupont et le capitaine du XV de France : tous les deux ont fréquenté les bancs d’une école de management. Toulouse School of Management (TSM) pour le joueur de rugby, Rennes School of Business pour son homonyme.

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Les premiers pas d’Antoine dans le monde professionnel s’effectuent à Brest, mais il quitte vite la Bretagne pour Paris. Chez Lenovo comme chez Fujitsu, constructeurs de matériel informatique, il gravit les échelons dans les équipes commerciales. Jusqu’à son poste actuel : directeur du développement commercial européen. Celui qui l’a recruté chez Lenovo voit en lui «un professionnel hors pair et une personne sur laquelle on peut compter dans toutes les situations». C’est aussi un «véritable joueur d’équipe, loyal et incroyablement généreux». Un autre de ses anciens managers apprécie sa «passion» et son «énergie incroyable». Voilà qui rappelle quelqu’un…

Antoine se dit «très gros consommateur de sport», mais le rugby est une des disciplines qu’il suit le moins. Le Top 14 ? «Rarement». L’équipe de France, oui, de temps en temps. Cela ne l’empêche pas de savoir que son homonyme joue au Stade Toulousain et a été élu meilleur joueur du monde, «il y a deux ans je crois». C’est exact, c’était en 2021. Depuis, lorsqu’Antoine appelle un restaurant pour réserver, il arrive que la personne au bout du fil émette des doutes sur son patronyme. «Ça arrivait avant la popularité du rugbyman, mais encore plus maintenant !»

Son pronostic pour les Bleus : «Après le Grand Chelem en 2022, on peut prétendre aller au bout. Attention toutefois au trop plein de confiance. Le rugby reste un sport ou tout peut arriver. Dernier carré minimum.»