Depuis deux ans et la crise sanitaire due au Covid, la Champions cup a changé de formule. Avec une réduction du nombre de matches de poules mais l’instauration de huitièmes de finale. Jusque-là, cela avait plutôt souri aux écuries du Top 14 puisqu’en 2021 et 2022, sept écuries s’étaient qualifiées pour les phases finales de la Coupe d’Europe. Mieux, à chaque fois, il y avait trois clubs français en demi-finale pour deux sacres tricolores (Toulouse puis La Rochelle).

Cette saison, changement de décor. Si les Toulousains et les Rochelais – invaincus après trois journées – ont tenu leur rang, les autres équipes hexagonales sont à la peine. Et les chances de n’avoir que deux équipes en huitièmes de finale (disputés sur un seul match, contrairement au format aller-retour de 2022) son importantes.

Lors des trois premières journées, si l’on met de côté le sans-faute des Rouge et Noir et des Maritimes, il n’y a eu que trois succès français en 18 matches. Castres, qui historiquement n’a jamais fait des joutes continentales une priorité, est déjà éliminé après trois revers. Plus qu’inquiétant.

Lyon est pour l’instant mal embarqué, seulement 10e de la poule A. Un succès face aux Bulls de Pretoria, ce vendredi (21h) à Gerland, pourrait être suffisant pour accéder aux phases finales. Mais, dans le même temps, le LOU doit toucher du bois pour que le Racing et Gloucester, devant au classement, ne s’imposent pas respectivement contre le Leinster et l’UBB. Ce qui paraît largement jouable (lire ci-dessous). Méfiance toutefois, les Bulls sud-africains – vainqueurs d’un match complètement fou à l’aller (42-36) – joueront le coup à fond avec l’espoir de disputer un huitièmes sur leurs terres. «On n’a pas notre destin entre nos mains mais si on remporte ce match en le bonifiant, je pense que l’on pourra regarder les matchs du week-end avec une relative sérénité», avance néanmoins le manager rhodanien Xavier Garbajosa.

Malgré ses deux revers face aux Ospreys (le dernier avec les bonus offensif et défensif), le MHR (7e de la poule B) peut encore accéder aux phases finales. Il faudra pour cela que le champion de France en titre s’impose, à domicile, face aux London Irish (11e), d’ores et déjà éliminés après trois revers. Largement dans les cordes des joueurs de Philippe Saint-André.

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Pour l’Union Bordeaux-Bègles, seulement 11e de la poule A, la donne sera un peu plus compliquée. C’est un seizième de finale officieux que les Girondins disputeront, samedi (16h15) à Chaban-Delmas, face aux Anglais de Gloucester (9e). Problème : un succès pourrait ne pas suffire puisqu’il faudrait que Lyon (10e) et/ou le Racing 92 (8e) ne s’imposent pas dans le même temps. Avant de se blesser et de devoir renoncer au prochain Tournoi des six nations, le demi de mêlée bordelais Maxime Lucu croyait à la qualification : «Avec deux points pris lors des deux premières journées, on est encore en lice. Il faudra certainement prendre 5 points contre Gloucester pour pouvoir se qualifier donc ça reste encore un objectif.»

Avec le succès arraché contre les Harlequins à l’Arena, les Franciliens (8e de la poule A) sont toujours en vie dans cette compétition. Sauf que samedi (16h15), le Racing va devoir escalader l’Everest et s’imposer à Dublin face à l’impressionnante province du Leinster (15 matches, 15 victoires toutes compétitions confondues cette saison), seule équipe à avoir signé trois succès bonifiés dans cette Champions Cup.

Tout cela a des allures de mission impossible pour les joueurs de Laurent Travers, inconstants cette saison et balayés au match aller (10-42, une rencontre délocalisée au Havre) par ces mêmes Irlandais. La champions Cup était l’un des objectifs affichés du club altoséquanais (finaliste malheureux en 2016, 2018 et 2020), cela semble raté pour cette année. «Soit on se remobilise avant d’aller au Leinster, soit on s’en prend 40 là-bas. À nous de relever la tête afin de passer», veut croire le centre international Gaël Fickou.

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Même problème d’inconstance du côté de Clermont (8e de la poule B). Le club auvergnat est secoué depuis le début de la saison par les problèmes extra-sportifs : départ de Damian Penaud, grogne des supporters, départ de Jono Gibbes et arrivée la semaine prochaine de Christophe Urios. Dans quel état d’esprit seront les Jaunards au moment d’aller défier les Stormers (4e) au Cap ? Ils pourraient être coiffés sur le fil par Sale (9e) et l’Ulster (10e) qui s’affrontent samedi (21h) à Belfast. Surtout, la priorité actuelle de l’ASM – finaliste malheureuse en 2013, 2015 et 2017 – est clairement le redressement en Top 14 où elle n’est que 10e.

Pour la première fois de l’histoire de la Champions Cup, trois provinces sud-africaines ont intégré cette année la compétition, après avoir intégré avec succès l’United Rugby Championship (ex-Ligue celte). Pour des résultats plus que convaincants, puisque ces trois formations sont en bonne position pour se hisser en huitièmes de finale. Sur les neuf matches qu’elles ont disputés, les équipes de l’hémisphère sud en ont remporté sept. Si les Sharks de Durban sont invaincus (2e de la poule A), les Bulls de Pretoria (6e de la poule A) et les Stormers du Cap (4e de la poule B) n’ont concédé qu’une défaite en trois matches, respectivement face à Exeter (44-14) et Clermont (24-14).

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Les matches retour de ce week-end entre Lyon et les Bulls, et entre les Stormers et l’ASM, seront capitaux pour ces deux écuries françaises. Et cela pourrait confirmer la tendance : les équipes d’Afrique du Sud, venues en force disputer la champions Cup, dament désormais le pion aux formations tricolores. Et prennent des places en phase finale. Yannick Bru, actuellement adjoint chez les Sharks avant de rejoindre l’UBB l’an prochain, l’avait clairement annoncé en début de saison : «Cette année, l’ambition de toutes les franchises, c’est vraiment de ramener des trophées, notamment en Champions Cup. L’ambition est totale.»

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