Ses proches avaient promis une « vraie initiative politique ». Ce lundi 6 novembre, Marion Maréchal, tête de liste de Reconquête! aux élections européennes, a décidé de faire entendre sa voix sur le thème fétiche de sa famille politique : l’immigration. Elle a présenté, lors d’une conférence de presse, le lancement d’un « comité national pour un référendum sur l’immigration » et d’un site internet associé, censé recueillir les signatures des Français soutenant cette initiative. La date ne doit rien au hasard : le Sénat entame ce jour-là l’examen du projet de loi Immigration portée par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dont l’issue reste hautement incertaine.
« L’immigration est aujourd’hui une question centrale et prioritaire pour les Français », affirme Marion Maréchal, citant une litanie d’enquêtes d’opinion. « Tous les sondages démontrent, selon comment la question est posée, que les Français sont entre 60% et 80% à vouloir une réduction de l’immigration ». Une étude a particulièrement frappé la vice-présidente du parti d’Éric Zemmour : celui de l’institut CSA, datant d’août 2023, qui montre que « 65% des Français se prononcent pour un référendum sur l’immigration ». Mieux : « À droite, ils sont même 83%, dont 77% chez LR, 95% chez Reconquête, et 96% au RN ».
Marion Maréchal annonce vouloir pousser à l’organisation d’un Référendum d’initiative populaire (RIP), qui nécessite le soutien de 185 parlementaires et, surtout, le paraphe de 4,8 millions de Français. À ce jour, aucun RIP n’a pu être organisé, tant les conditions de mise en œuvre sont drastiques. La tête de liste de Reconquête! ne désespère pas. Elle a appelé Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN), Éric Ciotti, patron de Les Républicains (LR) et Nicolas Dupont-Aignan, de Debout la France, à travailler ensemble. À chacun, elle leur a envoyé un texto et une lettre.
« L’ensemble des grandes forces politiques à droite semblent s’accorder sur la nécessité de l’organisation de ce référendum », fait valoir Marion Maréchal. Jordan Bardella, lui, a demandé l’organisation d’un référendum sur l’immigration, le jour même du scrutin européen, le 9 juin prochain. Enfin, Éric Ciotti a lui aussi eu l’idée de lancer une pétition sur l’immigration, dans le but de mettre la pression sur le gouvernement à ce sujet. Elle n’a réuni que 15 000 signatures en sept jours.
Plus que les 185 parlementaires, « le seul enjeu c’est comment obtenir ces 4,8 millions de signatures », juge Marion Maréchal. D’où l’idée de ce « comité, qui se veut transpartisan ». « Nous sommes lucides, nous savons aujourd’hui qu’aucune formation politique ne peut prétendre rassembler seule ces signatures », assure-t-elle, en précisant : « Cette initiative se veut ouverte, nous souhaitons que chacun des partis qui se joindraient à ce comité soit libre des modalités de récoltes de ces signatures, des outils qu’ils souhaitent utiliser ».
L’exemple qu’a Marion Maréchal en tête, c’est la tentative, par des parlementaires de gauches, et quelques LR, d’organiser un Référendum d’initiative populaire sur la privatisation des Aéroports de Paris. Seules un million de signatures avaient pu être récoltées.
Marion Maréchal estime avoir un peu plus de chance. Elle pense qu’elle va pouvoir profiter du changement de pied d’Emmanuel Macron qui met sur la table la question d’un possible référendum sur l’immigration, et même un Référendum d’initiative populaire avec des modalités assouplies.